Présenter sous un jour négatif Barack Obama n'est pas seulement une stratégie de campagne du républicain John McCain. C'est aussi un excellent moyen de vendre des livres. À preuve, trois ouvrages particulièrement hostiles au candidat démocrate figurent parmi les 20 best-sellers de la librairie en ligne Amazon.com, et ce, malgré une faible exposition médiatique.

«Il y a une demande refoulée chez les gens de droite qui pensent que les principaux médias ont une couverture révérencieuse de Barack Obama et non une couverture critique», observe Marji Ross, le président des éditions Regnery, une maison au profil conservateur qui vient de publier The Case Against Barack Obama (Réquisitoire contre Barack Obama) de David Fredosso.

Il y a peu, les récits les plus lus sur le fulgurant parcours de Barack Obama étaient écrits par... Barack Obama. Il s'agit de Dreams from my Father et The Audacity of Hope (Rêves de mon père et L'Audace de l'espoir), des livres autobiographiques et politiques qui se sont vendus par millions. Désormais, la droite conservatrice contre-attaque avec une vision un peu moins épique de l'ascension du jeune sénateur noir de l'Illinois.

Les titres entiers des trois livres indiquent que les trois auteurs ne se sont pas laissés emporter par l'«Obamania»: La Nation Obama: Gauchisme et culte de la personnalité de Jerome Corsi; Réquisitoire contre Barack Obama: L'improbable ascension et l'ordre du jour non-disséqué du candidat préféré des médias de M. Fredosso; et enfin le succinct Escroqués: Comment Barack Obama, la raillerie médiatique des menaces terroristes, les libéraux qui veulent tuer la radio, le Congrès immobiliste, les entreprises qui aident l'Iran et les lobbyistes de Washington au service des gouvernements étrangers nous arnaquent... et ce que nous pouvons faire de Dick Morris.

Selon ces trois auteurs, M. Obama n'est pas le chantre de l'espoir et de l'unité nationale comme il le prétend, mais un dangereux idéologue proche des mouvements radicaux des années 1960 et des milieux politiques de Chicago.

Parmi les pamphlétistes, M. Corsi avait déjà cosigné un livre dénonçant les états de services prétendument médiocres du démocrate John Kerry, qui avait été défait par George W. Bush lors de la présidentielle de 2004. M. Fredosso est journaliste pour le National Review Online, alors que M. Morris est un ancien conseiller de Bill Clinton qui depuis s'est recyclé dans une carrière de dénonciateur professionnel du camp démocrate.

Le président de la filiale Collins de la maison HarperCollins, Steve Ross, qui avait déjà publié les livres de M. Obama lorsqu'il officiait chez Random House, estime que les amateurs de littérature anti-Obama se feront plus nombreux d'ici l'élection de novembre prochain, mais doute qu'ils atteignent le nombre de lecteurs des livres du candidat lui-même.

«Les lecteurs anti-Obama ont pour la plupart déjà choisi leur camp, et cherchent une validation, alors que les lecteurs d'Obama incluent ceux qui ont choisi leur camp et les curieux», relève-t-il.

Les livres de MM. Fredosso, Corsi et Morris ont été imprimés en 300 000, 375 000 et 210 000 exemplaires respectivement. Alors que les publications qui s'acharnent sur la très impopulaire administration sortante de M. Bush se vendent bien, on note que les livres contre le candidat républicain John McCain, 71 ans, font peu de bruit.

«McCain n'a pas la même résonance, cela n'a rien à voir», explique Peter Osnos, éditeur du récent livre anti-Bush de l'ancien porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. «Vous pouvez encore modeler l'opinion qu'ont les gens d'Obama, mais il est bien trop tard pour modeler leur opinion de McCain.»