Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni vendredi à New York pour la deuxième fois en deux jours sur l'escalade du conflit dans la république séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, s'est séparé sans accord et devait reprendre les consultations samedi.

«Après des consultations bilatérales, nous avons préparé un projet de déclaration», a souligné le président belge du Conseil de sécurité Jan Grauls, en fonction ce mois-ci. «Mais certains membres (du Conseil) ont besoin de plus de temps, aussi avons-nous décidé de nous revoir samedi».

M. Grauls n'a pas précisé à quelle heure exactement la réunion reprendrait. «Il y aura d'abord de nouvelles consultations bilatérales», a-t-il dit.

La réunion de vendredi, qui était partiellement à huis-clos et partiellement retransmise sur les écrans internes, a duré plusieurs heures et a été houleuse.

La Russie et la Géorgie se sont accusées mutuellement d'être à l'origine de l'escalade de la violence depuis jeudi.

L'ambassadeur géorgien aux Nations unies Irakli Alasania a ainsi accusé Moscou d'avoir «commencé une invasion militaire» de la Géorgie.

Le diplomate géorgien a énuméré en les montrant sur une carte tous les lieux de Géorgie bombardés par l'aviation russe depuis le début de l'escalade dans la nuit de jeudi à vendredi, notamment des positions «très éloignées de la zone du conflit». «Il s'agit d'un défi à la communauté internationale», a estimé M. Alasania, qui a demandé une cessation immédiate de «ces actes criminels», un cessez-le-feu et l'ouverture de négociations.

L'ambassadeur de Russie aux Nations unies Vitaly Tchourkine n'a pas non plus ménagé ses attaques. Accusant Tbilissi d'être entièrement responsable de l'escalade du conflit, il a déclaré que les «attaques de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud étaient menées en connivence avec certains membres du Conseil de sécurité».

La Géorgie a affirmé avoir presque totalement repris le contrôle de l'Ossétie du Sud après de violents affrontements ces deux derniers jours.

«Une catastrophe humanitaire est en cours», a assuré M. Tchourkine. Il a dénoncé des opérations de «nettoyage ethnique» pratiquées selon lui dans les villages, et a rappelé que de nombreux Russes vivaient dans la petite république séparatiste, indépendante de facto de Tbilissi depuis l'effondrement de l'URSS en 1991 et soutenue par Moscou.

L'ambassadeur américain aux Nations unies Zalmay Khalilzad a pris parti pour la Géorgie et n'a pas épargné la Russie. «Nous appelons la Russie à cesser ses attaques aériennes et ses lancements de missiles sur la Géorgie, à respecter l'intégrité territoriale de la Géorgie et à retirer ses troupes au sol du territoire géorgien», a-t-il dit notamment.

Le chargé d'affaires français Jean-Pierre Lacroix a pour sa part «appelé toutes les parties à prendre sans tarder le chemin de la négociation.» «Nous avons un message simple pour les Ossètes, les Géorgiens et pour les Russes: la voie militaire est sans issue», a-t-il dit.

Des sources diplomatiques avaient indiqué plus tôt à la presse que les cinq membres permanents du Conseil --USA, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France-- s'étaient rencontrés avant l'ouverture formelle de la réunion, et étaient proches d'un accord sur un texte.

«Je ne sais pas si nous aboutirons demain, mais les Occidentaux veulent avant tout la cessation des hostilités et le respect de la souveraineté géorgienne, alors que les Russes insistent un retour au statu quo ante», a estimé un diplomate sous couvert de l'anonymat.