John McCain a prédit récemment une recrudescence d'attentats «spectaculaires» en Irak à l'approche de l'élection présidentielle du 4 novembre 2008. À exactement 100 jours de cette échéance électorale, quatre femmes kamikazes ont fait des dizaines de morts à Bagdad et Kirkouk, mettant fin à une période d'accalmie dans ce pays.

Si l'on se fie aux sondages réalisés aux États-Unis, l'économie est la principale préoccupation des électeurs de ce pays, loin devant la guerre en Irak. À peine revenu de sa tournée internationale, Barack Obama a d'ailleurs tenté de recentrer sa campagne sur l'économie hier à Washington, où il a rencontré ses plus proches conseillers économiques, dont l'investisseur Warren Buffet, l'ancien secrétaire du Trésor Robert Rubin et l'ancien président de la Réserve fédérale Paul Volcker.

Mais l'Irak continue et continuera à s'inviter dans la campagne présidentielle, n'en déplaise aux électeurs.

«Des attentats suicide, etc., cela ne me surprendrait pas», avait déclaré John McCain le 18 juillet, expliquant que les terroristes veulent «miner le soutien au gouvernement» du premier ministre irakien, Nouri al-Maliki.

À première vue, une recrudescence des violences en Irak ne devrait pas servir la cause du prétendant républicain. Après tout, depuis plusieurs semaines, il se réjouit du succès du «sursaut» militaire - l'envoi en renfort de 30 000 militaires américains à partir de janvier 2007. Selon le sénateur républicain, cette stratégie est la cause principale du déclin de la violence en Irak.

Or le regain de cette violence remettrait en question ce succès. Mais la recrudescence des attentats terroristes en Irak soulèverait d'autres questions importantes, dont l'à-propos de l'une des principales promesses de Barack Obama: le retrait des unités de combat américaines présentes dans ce pays au milieu de 2010, soit 16 mois après son élection à la Maison-Blanche.

La semaine dernière, le prétendant démocrate a semblé jouer de chance lorsque le premier ministre irakien a profité de son passage à Bagdad pour appuyer publiquement son calendrier de retrait. Mais le sénateur de l'Illinois a lui-même affirmé que les événements sur le terrain joueront un rôle sur le rythme du retrait des troupes.

Hier, le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, a répété le même message dans des entrevues avec divers journalistes.

«Il est de notoriété publique que mes recommandations seront basées sur les conditions et la situation sur le terrain», a-t-il déclaré à Reuters, laissant entrevoir une nouvelle réduction du contingent américain en Irak, qui compte aujourd'hui 140 000 militaires.

Le général Petraeus s'est adressé aux journalistes avant les violences interconfessionnelles de la journée. «Je pense qu'il est juste de dire que les forces irakiennes et de la coalition contrôlent une large majorité du pays», avait-il déclaré.

De toute évidence, l'Irak est encore loin d'avoir été pacifiée, et les conditions sur le terrain influenceront le choix des Américains le 4 novembre 2008. Après tout, ils éliront non seulement un président mais également un chef des armées.

John McCain, qui mise sur son expérience militaire, ne manquera pas de leur rappeler d'ici au 4 novembre.