Un infirmier, atteint d'Ebola après avoir soigné un patient de Guinée, est décédé mardi au Mali, dernier pays en date atteint par l'épidémie en Afrique de l'Ouest où, selon les experts, la contamination ralentit au Liberia.

Au plan sportif, la Confédération africaine de football (CAF) a rejeté la demande du Maroc de reporter la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2015, prévue du 17 janvier au 8 février, en raison d'Ebola. Elle a en conséquence retiré l'organisation de la compétition au Maroc, dont l'équipe est disqualifiée.

L'épidémie actuelle d'Ebola a fait 4960 morts sur 13 268 cas dans huit pays, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) arrêté au 4 novembre.

Au Mali, un infirmier de la clinique Pasteur à Bamako «qui a été en contact avec un ressortissant guinéen décédé de la maladie est mort à son tour», a indiqué à l'AFP un responsable de la clinique, précisant que les tests s'étaient avérés positifs au virus.

Le Mali avait enregistré son premier cas avec la mort d'une fillette de 2 ans le 24 octobre à Kayes, qui avait voyagé avec sa grand-mère dans le sud de la Guinée voisine, où l'épidémie s'est déclarée en décembre 2013

Ailleurs, l'unique malade encore connu hors du continent, un médecin soigné à New York après avoir contracté le virus en Guinée lors d'une mission pour Médecins Sans Frontières (MSF) est guéri et a quitté mardi l'hôpital.

En Sierra Leone en revanche, deuxième pays le plus touché où l'épidémie progresse le plus rapidement, en particulier dans la région de la capitale, Freetown, la situation restait préoccupante, avec une sous-estimation chronique du nombre de cas et de morts, selon l'OMS.

«Les bilans se sont stabilisés dans certaines régions mais à Freetown et Hastings (sud-est de la capitale), dans l'ouest du pays, les cas flambent», a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'OMS sur place, Winnie Romeril.

Victime collatérale de l'épidémie de fièvre hémorragique, le journaliste sierra-léonais David Tam Baryoh était mardi détenu depuis plus d'une semaine. Il a été arrêté le 3 novembre sur ordre du président Koroma après avoir critiqué la lutte anti-Ebola en Sierra Leone dans son émission hebdomadaire diffusée deux jours plus tôt.

Le procureur général Frank Kargbo lui a reproché des «propos incendiaires», expliquant qu'il a évoqué des troubles similaires à ceux qui, fin octobre, ont balayé au Burkina Faso le régime du président Compaoré. Il a «laissé entendre» que le gouvernement utilisait ses prérogatives pour «se maintenir au pouvoir et non pas lutter contre Ebola», a affirmé le procureur.

Déplacés en Guinée en raison de violences

Lundi, l'optimisme avait pourtant régné au Mali où la quarantaine avait été levée pour 25 des 108 personnes identifiées comme des contacts potentiels de la fillette décédée, 15 à Bamako et 10 à Kayes. Les autres devaient suivre dans le courant de la semaine, selon des sources sanitaires.

«Nous attendons que le gouvernement s'exprime avant de donner davantage de détails», a expliqué mardi le responsable de la clinique Pasteur après le décès de l'infirmier.

En revanche au Liberia, pays le plus touché (plus de la moitié des morts), le nombre de nouveaux cas continue de baisser, à l'inverse de la Guinée et de la Sierra Leone, selon MSF.

L'ONG a mis en ligne une formation («e-briefing») sur Ebola destinée à l'ensemble des personnes impliquées dans la lutte contre cette épidémie.

Le nombre de nouveaux cas a chuté à «50 à 100 par jour», contre plusieurs centaines au plus fort de l'épidémie en septembre, a déclaré le vice-ministre libérien de la Santé Tolbert Nyensuah, en inaugurant lundi un centre de traitement construit par les militaires américains et libériens près de Monrovia.

Dans le sud de la Guinée, une vingtaine de personnes - dont des élus, des responsables de partis et de la société civile - observent depuis lundi une grève de la faim pour réclamer le retour chez eux d'habitants de Womey déplacés par des violences liées à Ebola, selon des participants. Le 16 septembre, huit membres d'une équipe en campagne de sensibilisation sur l'épidémie y ont été tués par des habitants niant l'existence du virus. Depuis, l'armée y a été déployée et plusieurs habitants ont fui par crainte d'exactions de militaires, selon des témoins.

La Gambie a annoncé mardi avoir levé l'interdiction d'accès à son territoire décidée en septembre pour les ressortissants des pays les plus touchés.