Avec la mort de soldats ukrainiens, la trêve en Ukraine semblait sérieusement menacée deux jours après son instauration alors que les pays proches de la Russie s'inquiétaient d'une activité militaire russe «sans précédent» à leurs frontières.

Le premier ministre Arseni Iatseniouk a par ailleurs appelé à une conférence internationale de donateurs pour éviter un défaut de paiement du pays, dont l'économie est en très grande difficulté. Le Fonds monétaire international (FMI) avait chiffré en novembre à 19 milliards de dollars les fonds supplémentaires nécessaires en 2015, en plus des 27 milliards de dollars d'aide internationale déjà promis.

Signe des tensions dans la région, la Suède a réintroduit jeudi la possibilité d'appeler ses anciens conscrits à des exercices militaires, inquiète du «réarmement de la Russie», tandis que la Pologne a dénoncé une activité militaire russe «sans précédent» dans la Baltique.

Dans l'est de l'Ukraine, trois soldats  ont été tués et huit blessés en 24 heures, premières victimes depuis le début mardi de la nouvelle trêve qui était jusqu'ici globalement respectée par l'armée et les rebelles, a annoncé jeudi le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko.

Selon Kiev, les séparatistes prorusses ont aussi intensifié leurs attaques contre les positions ukrainiennes.

«Les rebelles ont violé la trêve à 22 reprises en 24 heures», a indiqué M. Lyssenko. «Des chars et l'artillerie ont été utilisés. Nos forces n'ont pas répondu», a-t-il affirmé.

Des journalistes de l'AFP ont observé plusieurs bombardements près de Donetsk, principal fief rebelle, sans qu'il soit possible de déterminer quel camp tirait.

Plusieurs salves d'artillerie provenant du quartier de l'aéroport de Donetsk, théâtre de violents combats disputé par les belligérants depuis des mois, ont été audibles dans cette ville dans la matinée.

Quelques heures plus tard, un autre journaliste de l'AFP, situé dans le village de Pisky, qui sert de base aux Ukrainiens combattant à l'aéroport, a entendu des tirs d'armes lourdes.

A l'aéroport, presque totalement détruit par les combats, les positions ukrainiennes essuyaient des tirs à l'arme à feu. Les soldats ukrainiens ne ripostaient pas.

Les tirs d'artillerie rebelle sur l'aéroport «ont cessé complètement», a déclaré à l'AFP le commandant des forces ukrainiennes combattant à l'aéroport, se présentant sous le nom de guerre Coupol.

Mais «nos adversaires commencent à nous provoquer, à tirer sur nos positions. Je ne donne pas d'ordre (de riposter) et donc personne ne tire. Eux (les rebelles), ils finissent par se calmer et tout se termine», a-t-il expliqué.

Ces incidents renforcent les doutes sur la durabilité de cette nouvelle trêve - la quatrième en huit mois - alors que les précédents cessez-le-feu n'ont permis qu'une baisse temporaire de l'intensité des combats.

«Cela ressemble au calme avant la tempête, quelque chose est en train de se préparer», a estimé Volodymyr, un des soldats ukrainiens.

Une tendance «positive»

Les rebelles de leur côté ont affiché un certain optimisme. Un responsable séparatiste, Denis Pouchiline, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient violé la trêve à cinq reprises en 24 heures et qu'il s'agissait uniquement d'armes à feu et non plus de bombardements.

«C'est une tendance positive par rapport à ce qu'on avait avant», s'est-il félicité.

Dans plusieurs localités hors Donetsk, la situation semblait plus tranquille qu'avant le cessez-le-feu.

La ville de Schastie dans la région voisine de Lougansk, souvent visée par des tirs des rebelles qui cherchent à obtenir le contrôle de sa centrale électrique, a passé une nuit paisible.

«Chez nous, la nuit comme le matin c'est un silence absolu», s'est réjoui un responsable de la mairie, Volodymyr Tiourine, contacté par téléphone.

Le président du «Parlement» de la République autoproclamée de Donetsk Andreï Pourguine a affirmé à l'AFP que les rebelles avaient commencé à retirer leurs armes lourdes de la ligne du front. «Le retrait d'armes lourdes a commencé dans le sud» de la zone sous contrôle rebelle, a-t-il dit.

«Nous n'avons pas de confirmation de ces propos», a réagi à l'AFP M. Lyssenko.