Séoul effectuera lundi des manoeuvres militaires à tirs réels sur une île récemment bombardée par Pyongyang, malgré les menaces de la Corée du Nord, et a demandé aux civils de cinq îles de la mer Jaune de se mettre aux abris de toute urgence.

Les civils de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, bombardée récemment par la Corée du Nord, et ceux de quatre autres îles voisines, ont reçu l'ordre de se mettre à l'abri rapidement, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

Un porte-parole de l'Etat-major interarmes de l'armée sud-coréenne a déclaré que l'ordre avait été communiqué à toutes les îles de la mer Jaune frontalières de la Corée du Nord.

Les exercices militaires prévus par Séoul «vont avoir lieu aujourd'hui», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense à l'AFP, sans préciser à quelle heure. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, les exercices démarreront entre 11h00 et midi heures locales.

Sur place, les hauts-parleurs installés sur l'île de Yeonpyeong ont communiqué lundi matin l'ordre de se mettre aux abris, a constaté un photographe de l'AFP. Résidents, journalistes, fonctionnaires et autres habitants ont été invités peu après à se rendre aux abris dans les 30 minutes.

Selon Yonhap, l'île, située à 12 kilomètres des côtes nord-coréennes, abrite 280 personnes, en plus des militaires.

Lors d'exercices similaires de l'armée sud-coréenne le 23 novembre, l'artillerie nord-coréenne avait ouvert le feu et tiré 170 obus sur l'île, tuant deux civils et deux militaires et détruisant des dizaines d'habitations.

Il s'agissait des premiers bombardements sur des zones civiles depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53).

Aux Nations unies à New York, les discussions au Conseil de sécurité dimanche sur la situation dans la péninsule coréenne ont échoué, a indiqué dimanche soir l'ambassadeur russe Vitaly Churkin.

Les contacts continueront entre les grandes puissances, selon lui.

Selon des diplomates onusiens, la Chine a rejeté les demandes des pays occidentaux pour qu'une condamnation soit incluse dans la déclaration de la Corée du Nord pour le bombardement de Yeonpyeong.

En fin de semaine dernière, Pyongyang avait promis un «désastre» si la Corée du Sud ne renonçait pas aux manoeuvres militaires sur Yeonpyeong.

«Si la Corée du Sud ose mener à bien ses manoeuvres à tirs réels d'artillerie, la situation dans la péninsule coréenne explosera et un désastre ne pourra pas être évité», a déclaré samedi le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle KCNA.

Toujours samedi, les ministres chinois et russe des Affaires étrangères ont eu une conversation téléphonique et appelé au calme sur la péninsule coréenne. Ils ont demandé implicitement à Séoul de renoncer à ses manoeuvres, selon des propos rapportés dimanche par le ministère chinois des Affaires étrangères.

Les Etats-Unis jugent, eux, que les manoeuvres sud-coréennes ne menacent pas Pyongyang, qui ne doit pas en tirer le prétexte de «nouvelles provocations».

L'île de Yeonpyeong se trouve en mer Jaune, près de la limite maritime fixée par l'ONU après la guerre de Corée. Pyongyang conteste cette limite, estimant qu'elle a été tracée trop au nord.