Les communautés religieuses d'ici sont très présentes en Haïti. La première victime canadienne connue du tremblement de terre est issue de leurs rangs. Il s'agit d'une infirmière originaire d'Elmira, près de Kitchener, en Ontario, partie en Haïti avec un groupe de l'Église missionnaire évangélique.

Yvonne Martin, dont le corps a été découvert dans les décombres d'une maison hier après-midi, faisait partie d'un groupe de sept personnes arrivées dans la capitale haïtienne à peine 90 minutes avant le tremblement de terre. Les personnes qui l'accompagnaient s'en sont tirées.

 

«C'était une infirmière très professionnelle, pleine de compassion», a évoqué le Dr Michael Norris, joint par téléphone.

«Elle a travaillé pendant 36 ans chez nous. Elle avait pris sa retraite de notre clinique mais, quand on a eu besoin de renfort pendant la campagne vaccination H1N1, elle était contente de venir nous donner un coup de main. Je crois qu'elle en était à son quatrième séjour en Haïti. Elle était très touchée par la pauvreté du pays et elle voulait faire quelque chose.»

Incertitude

Au Québec, pendant ce temps, les différentes communautés religieuses attendaient hier avec inquiétude des nouvelles de leurs confrères, de leurs consoeurs et de tous les Haïtiens qu'ils aident depuis plusieurs années.

Les soeurs de Sainte-Anne, qui oeuvrent au coeur de la zone la plus touchée de Port-au-Prince, n'avaient toujours aucune nouvelle de la cinquantaine de religieuses qui sont là-bas - dont quatre Québécoises. «Nous nous inquiétons pour nos religieuses, mais aussi pour les élèves de notre école. Nous enseignons à 1600 élèves là-bas», indique Diane Corriveau, porte-parole de la communauté.

Les frères du Sacré-Coeur espéraient quant à eux des nouvelles de deux confrères en plein Port-au-Prince, où le Collège canado-haïtien aurait été passablement touché.

Trois jésuites québécois sont aussi à Haïti aux côtés de 22 confrères originaires du pays. Les premières nouvelles de Port-au-Prince sont venues du père François Kawas, qui faisait, pour Montréal, le décompte de ceux qui étaient rentrés et de ceux dont on était toujours sans nouvelles. En filigrane, dans le courriel, beaucoup de désarroi: «Nous sommes bien loin de faire le bilan. L'heure est à la solidarité. Les gens s'entraident comme ils le peuvent pour tirer des écoliers, des étudiants, des infirmières de sous les décombres. Les agences de l'État haïtien ne se manifestent pas encore, elles sont sûrement dépassées.»

Secours

En mi-journée, l'incertitude planait aussi quant aux secours à venir. Le père Kawas, par courriel, plaide «pour une aide directe aux personnes, avec le moins d'intermédiaire possible». «Les gens sont encore dans les rues et sur les places publiques sans eau, sans nourriture, sans médicaments...»

Les clercs de Saint-Viateur, pour leur part, comptent une douzaine de religieux québécois à Haïti et une vingtaine de clercs haïtiens. Par personne interposée, le frère Rémi Lasalle a appris que tout le monde est sain et sauf, mais qu'une maison de retraite de la communauté s'est effondrée.