L'Iran a insisté sur la nécessité d'une réunion ministérielle avec les grandes puissances après les négociations de Genève qui s'ouvrent mardi, pour finaliser un éventuel accord sur son programme nucléaire controversé.

«J'espère que nous pourrons arriver à une feuille de route d'ici mercredi, mais (...) il sera probablement nécessaire d'avoir une nouvelle réunion ministérielle», a écrit dimanche soir M. Zarif sur sa page Facebook.

Les négociations qui doivent durer deux jours entre l'Iran et les pays du groupe des 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) sont prévues au niveau de directeur politique ou de vice-ministre des Affaires étrangères.

Une première réunion des différents chefs de la diplomatie ainsi que la représentante de l'Union européenne Catherine Ashton a eu lieu fin en septembre à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

M. Zarif a quitté Téhéran lundi à la mi-journée pour Genève à la tête de la délégation iranienne et participera mardi à la séance d'ouverture des négociations. Son vice-ministre, Abbas Araghchi, dirigera ensuite les discussions côté iranien.

«Si nécessaire, j'interviendrai également», a précisé M. Zarif.

Les discussions sont interrompues depuis avril, après que le 5+1 a présenté une offre lors de la rencontre d'Almaty (Kazakhstan).

Abbas Araghchi a déclaré de son côté que «le plan qui sera présenté par M. Zarif aux pays du 5+1 lors de la séance d'ouverture (...) a été préparé de telle sorte qu'il n'y ait pas de prétexte pour le refuser», sans être plus explicite.

Il a aussi répété que l'enrichissement d'uranium, au centre des inquiétudes occidentales, était «la ligne rouge de l'Iran».

«Nous ne permettrons en aucun cas que l'enrichissement d'uranium soit suspendu, limité ou stoppé. Nous pouvons en revanche discuter du niveau, de la forme et de la quantité de l'enrichissement», a affirmé M. Araghchi.

«Nous ne permettrons pas non plus qu'un gramme d'uranium enrichi quitte le pays», a-t-il ajouté.

«Nos yeux sont ouverts»

Selon le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) publié fin août, l'Iran possède 6.774 kilogrammes d'uranium enrichi à 3,5%, et 186 kg d'uranium enrichi à 20%. Le pays a également transformé 187 autres kg d'uranium enrichi à 20% en barres de combustibles. L'Iran possède plus de 19 000 centrifugeuses, dont 1000 de la nouvelle génération, plus puissantes que les précédentes.

Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de cacher un volet militaire sous son programme nucléaire civil. Ils s'inquiètent de la possibilité pour Téhéran d'enrichir l'uranium à un niveau suffisant pour fabriquer une bombe atomique.

«Nous pouvons conclure les négociations dans une période de six mois à un an», a estimé M. Araghchi.

Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est dit dimanche optimiste sur une éventuelle solution diplomatique avec l'Iran sur le nucléaire, après une rencontre avec Mme Ashton qui mènera pour le 5+1 les négociations à Genève.

«À l'heure actuelle, la fenêtre diplomatique s'ouvre de plus en plus», a affirmé M. Kerry dans un discours aux délégués du groupe de pression américain pro-israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee).

«Mais je veux que vous sachiez que nos yeux sont également ouverts (...) Alors que nous recherchons un règlement pacifique au programme nucléaire iranien, les mots doivent être suivis d'actes», a lancé le chef de la diplomatie américaine.

«Quel que soit l'engagement avec l'Iran, nous sommes pleinement conscients des besoins de sécurité d'Israël», a affirmé M. Kerry, alors que le rapprochement tout juste réamorcé entre Washington et Téhéran inquiète l'État hébreu.

Le premier ministre israélien, Benjyamin Nétanyahou, a multiplié les appels au maintien des sanctions internationales contre l'Iran. Il a également demandé l'arrêt total du programme d'enrichissement d'uranium et son démantèlement par Téhéran, l'envoi à l'étranger de son stock d'uranium enrichi, la fermeture du site d'enrichissement souterrain de Fordo, mais aussi l'arrêt de la construction du réacteur à eau lourde d'Arak.

M. Nétanyahou a accusé l'Iran de vouloir utiliser son programme d'enrichissement et le réacteur d'Arak, qui doit entrer en fonction fin 2014, pour la construction de la bombe atomique, ce que Téhéran a toujours démenti.