Le FBI a recommandé mardi de ne pas poursuivre Hillary Clinton sur ses courriels envoyés par un serveur privé, un soulagement pour la candidate démocrate à la présidentielle américaine qui devait recevoir pour la première fois l'appui de Barack Obama en campagne.

De l'avis du chef de la police fédérale américaine, James Comey, « aucune poursuite ne s'impose » à l'encontre de la secrétaire d'État même si elle a fait preuve d'une « négligence extrême ».

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La ministre américaine de la Justice Loretta Lynch avait elle assuré vendredi qu'elle se rangerait aux recommandations du FBI et des procureurs impliqués dans l'enquête, tentant ainsi d'écarter tout soupçon d'interférence politique dans ce dossier ultra-sensible.Certains des courriels envoyés par Mme Clinton en utilisant un serveur privé étaient classés « secrets » et des personnes mal intentionnées ont théoriquement pu y avoir accès, a précisé le patron du FBI. Elle n'a cependant « pas eu l'intention » de violer la loi selon M. Comey.

Si les durs termes choisis par le patron du FBI donneront des munitions à Donald Trump, candidat républicain présumé à la Maison-Blanche, cette décision est une excellente nouvelle pour Mme Clinton qui retrouve mardi M. Obama.

L'équipe de campagne de Clinton «satisfaite»

L'équipe de campagne d'Hillary Clinton s'est dite « satisfaite » mardi de la recommandation du FBI de ne pas poursuivre la candidate démocrate à la Maison-Blanche à propos de ses courriels transmis à partir d'un serveur privé quand elle était secrétaire d'État.

« Comme la secrétaire le dit depuis longtemps, ça a été une erreur d'utiliser ses courriels personnels et elle ne le referait pas. Nous sommes heureux que cette question soit désormais résolue », écrit son porte-parole Brian Fallon dans un communiqué, à propos des conclusions de la police fédérale .

« Nous sommes satisfaits que les professionnels chargés de ce dossier aient conclu qu'aucune autre action de la part du ministère (de la Justice, NDLR) n'était nécessaire », selon le porte-parole.

Clinton et Obama en Caroline-du-Nord 

Les deux anciens concurrents démocrates de 2008 se présenteront ensemble lors d'un rassemblement à Charlotte, en Caroline-du-Nord, première étape d'une série d'événements qui doivent galvaniser les électeurs en faveur de l'ancienne Première dame et ancienne secrétaire d'État, notamment les minorités qui restent fortement attachées à Barack Obama. Le tout dans des États pivots où se dessinera l'issue de l'élection du 8 novembre.

À trois semaines de la convention démocrate à Philadelphie, lors de laquelle Mme Clinton sera formellement investie candidate du parti aux dépens de Bernie Sanders, les républicains se sont saisis de l'affaire des courriels, emblématique selon eux de son manque de sérieux et de fiabilité.

Le milliardaire Donald Trump et d'autres membres de son camp s'en sont violemment pris à elle après qu'il a été rendu public que son mari Bill Clinton s'est récemment entretenu sur le tarmac d'un aéroport avec la secrétaire à la Justice Loretta Lynch, dont le ministère chapeaute l'enquête.

« Hillary la malhonnête »

Dans une interview dimanche, Hillary Clinton a reconnu que la rencontre n'était pas judicieuse.

« Hillary la malhonnête est "coupable comme pas possible", mais le système dans son ensemble est truqué et corrompu », s'est indigné l'homme d'affaires sur Twitter.

« Où sont les 33 000 courriels manquants? », a-t-il encore demandé, en référence aux courriels que l'ancienne ministre des Affaires étrangères a dit avoir effacés parce qu'ils relevaient de sa vie privée.

Les conclusions du FBI n'ont fait l'objet d'aucune interférence de la part du ministère de la Justice, a aussi assuré M. Comey.

Hillary Clinton est candidate à la présidentielle du 8 novembre, mais sa campagne est empoisonnée depuis des mois par l'affaire de la messagerie privée qu'elle a utilisée à des fins professionnelles.

Elle a été entendue samedi par les enquêteurs du FBI.

La ministre américaine de la Justice Loretta Lynch a elle assuré vendredi qu'elle se rangerait aux recommandations du FBI et des procureurs impliqués dans l'enquête, tentant ainsi d'écarter tout soupçon d'interférence politique dans ce dossier ultra-sensible.

Mme Lynch est l'objet d'une vive polémique pour avoir rencontré la semaine dernière l'ex-président Bill Clinton, un entretien dénoncé comme un arrangement illégal par Donald Trump.

L'ex-président américain, dont l'avion s'est retrouvé lundi garé près de celui de Mme Lynch à l'aéroport de Phoenix, en Arizona, est monté dans l'appareil de la ministre pour discuter avec elle. Les deux responsables se connaissent bien depuis longtemps.

Mme Lynch a ensuite affirmé que la rencontre du tarmac était purement fortuite et que la conversation impromptue avait porté sur des sujets sans rapport avec les dossiers dont elle était chargée.

Mais les républicains se sont engouffrés dans la brèche, dénonçant une initiative de Bill Clinton au minimum maladroite, voire proprement scandaleuse. « La rencontre entre Bill (et la ministre américaine de la Justice Loretta Lynch) a probablement été amorcée et voulue par Hillary ! », a tweeté vendredi Donald Trump.

PHOTO Cliff Owen, AP

Le diecteur du FBI James Comey

Depuis quelque temps, Donald Trump fait feu de tout bois contre sa rivale.

Outre ses attaques dénonçant une privilégiée, membre de l'establishment de Washington, il l'a accusé lundi d'être faible face à la menace terroriste, au lendemain d'un attentat-suicide du groupe État islamique qui a fait plus de 200 morts à Bagdad.

Avant de mettre le président Obama et son ancienne secrétaire d'État dans le même panier : « Avec Hillary et Obama, les attentats terroristes ne vont faire qu'empirer. Idiots politiquement corrects, refusent de nommer ce que c'est - l'ISLAM RADICAL ! », a-t-il tweeté.

Hillary Clinton, elle, balaye les critiques et entend tirer profit du soutien présidentiel, ainsi que d'un événement conjoint prévu avec le vice-président Joe Biden vendredi en Pennsylvanie, pour recentrer sa campagne sur les questions économiques, sociales et de politique étrangère.

« Hâte de partir en campagne ensemble avec @POTUS », a-t-elle écrit sur Twitter. POTUS est l'acronyme de « President of the United States ».

L'appui de Barack Obama pourrait s'avérer plus qu'utile pour la démocrate, car même si la quasi-totalité des sondages nationaux la donne victorieuse de Donald Trump en novembre, l'écart se resserre ces dernières semaines.

Le dernier sondage NBC News/Wall Street Journal donne même un large avantage (41 % contre 25 %) à Donald Trump dans les domaines de l'honnêteté et de la fiabilité.

En Caroline-du-Nord, où Barack Obama et Hillary Clinton font campagne mardi, le président américain reste populaire et pourrait notamment rassembler l'électorat noir dans ce « swing state », l'un de ces États cruciaux, car ils peuvent basculer côté républicain ou démocrate.

Mais Donald Trump entend rendre coup pour coup et doit s'exprimer mardi soir lors d'un rassemblement à Raleigh, dans le même État de Caroline-du-Nord.