Mitt Romney ne peut sans doute pas se targuer d'avoir mis Barack Obama K.-O., mais il a marqué de précieux points mercredi soir lors du premier débat présidentiel de 2012, tenu à l'Université de Denver, au Colorado.

Pendant 90 minutes, le candidat républicain, bien préparé et confiant, a tenu tête au président sortant, qui a paru hésitant tout au long d'un affrontement au cours duquel les deux hommes ont opposé deux visions tranchées de l'économie, de la fiscalité, de la santé et du rôle de l'État.

«Il y a quatre ans, nous avons connu la pire crise financière depuis la grande dépression. Grâce à la résilience et à la détermination du peuple américain, nous avons commencé à reprendre le dessus», a déclaré Barack Obama lors de sa première intervention.

«Les familles de la classe moyenne sont accablées», a répliqué Mitt Romney avant d'évoquer un plan en cinq points pour relancer l'économie américaine. «La réponse est oui, nous pouvons aider. Mais cela nécessitera une nouvelle voie, pas celle sur laquelle nous nous trouvons.»

Après cette première passe d'armes, les deux candidats se sont livré une guerre de chiffres sur la fiscalité. Le président a accusé son rival de vouloir augmenter les impôts des contribuables de la classe moyenne pour offrir aux plus fortunés une réduction d'impôts de 5000 milliards de dollars et au Pentagone une augmentation budgétaire de 2000 milliards de dollars.

«Les mathématiques, le bon sens et notre histoire nous disent que cela ne contribuera pas à la croissance de notre économie. Nous avons déjà essayé cette approche», a déclaré le président, en faisant allusion aux politiques de l'administration précédente qui ont contribué à son avis aux problèmes économiques actuels.

Mitt Romney a nié préconiser une réduction massive des impôts.

«Je n'ai pas de réduction d'impôts de 5000 milliards de dollars. Je ne vais pas réduire la part des impôts que versent les contribuables à revenus supérieurs. Je vais baisser les taux d'imposition, réduire les abattements fiscaux et les exemptions afin de créer des emplois», a déclaré l'ancien gouverneur du Massachusetts.

Le président a accusé le candidat républicain d'avoir changé de discours sur son programme fiscal «à cinq semaines de l'élection». «C'est mathématique», a-t-il dit, en affirmant que le plan de son adversaire augmenterait le déficit.

Interrogé sur le dossier, Mitt Romney a renouvelé sa promesse d'abolir la réforme de la santé promulguée par Barack Obama.

«Désolé, M. le président», a-t-il déclaré avant de se tourner vers le modérateur du débat, Jim Lehrer, de la chaîne PBS. «Désolé, Jim, je vais mettre fin aux subventions à PBS. J'aime PBS, j'aime Big Bird, je vous aime aussi», a-t-il ajouté un peu bizarrement.

À la traîne dans les sondages, Mitt Romney aura été plus incisif dans ses réponses et, jusqu'à un certain point, plus présidentiel dans son comportement que Barack Obama. Celui-ci hochait ou penchait parfois la tête lorsque son rival dénonçait ses politiques, comme s'il était d'accord avec lui.

«Vous ne parviendrez jamais à équilibrer le budget en augmentant les impôts. Je ne veux pas que nous empruntions la voie de l'Espagne», a-t-il déclaré.

Barack Obama a connu un bon moment en rappelant le refus de Mitt Romney d'accepter toute hausse de revenus pour réduire le déficit.

«Si vous adoptez une approche aussi peu équilibrée, cela signifie que vous allez éviscérer nos investissements dans les écoles et en éducation», a-t-il dit.

Le débat a commencé sur une note humoristique, le président soulignant qu'il célébrait hier son 20e anniversaire de mariage avec Michelle Obama, qu'il a appelée «sweetie».

«Je te promets que nous ne célébrerons pas devant 40 millions de personnes l'an prochain», a-t-il dit.

«Je suis sûr que c'est l'endroit le plus romantique où vous pouviez imaginer vous retrouver, ici avec moi», a répliqué Mitt Romney, en s'adressant au président.

Il s'agissait du premier de trois débats présidentiels avant le scrutin. Les deux autres auront lieu les 16 et 22 octobre.

> Relisez le clavardage avec nos journalistes Alexandre Sirois (chef de division, politique internationale à La Presse) et Judith Lachapelle.