Barack Obama doit prendre possession de la scène jeudi soir au dernier jour de la convention démocrate de Charlotte dont il a reçu l'investiture, avant d'entamer la dernière ligne droite de la campagne pour l'élection présidentielle américaine du 6 novembre.

Le dirigeant sortant est attendu à 22 h 10 dans l'enceinte du Time Warner Cable Arena, un complexe de 15 000 places au coeur de la grande ville de Caroline du Nord où depuis mardi, grands noms du parti, élus locaux ou simples particuliers ont développé leurs arguments en faveur d'un nouveau mandat de quatre ans pour leur champion.

M. Obama devait initialement prononcer son discours d'investiture dans un stade à ciel ouvert qui, si ses 73 000 sièges avaient été occupés, aurait donné aux démocrates l'occasion de montrer que l'enthousiasme de 2012 pouvait donner le change à celui de 2008, malgré quatre années de pouvoir souvent difficiles.

Mais le comité d'organisation a décidé de rapatrier l'événement dans le Time Warner Cable Arena, une salle couverte cinq fois plus petite, officiellement en raison du risque de violents orages sur la région en soirée.

Selon son équipe de campagne, M. Obama a été déçu de ce changement de programme, qui signifiera que 65 000 billets ne seront pas honorés, mais la sécurité des personnes prime. Les démocrates ont nié avoir eu du mal à remplir le stade, comme l'ont insinué des républicains.

Pendant son discours, le président devrait revenir sur des terrains que les intervenants de Charlotte ont défriché pour lui deux jours durant : la défense de la classe moyenne et le démontage des arguments de son adversaire républicain Mitt Romney, lui-même investi il y a une semaine par son parti à Tampa en Floride.

Mercredi soir, l'ancien président Bill Clinton a une fois encore montré qu'il était un orateur hors pair en prononçant un vibrant plaidoyer en faveur de son successeur. Il a dit croire en lui « de tout coeur », insisté sur ses capacités à redresser l'économie et dénoncé « la pagaille totale » laissée par les républicains il y a quatre ans.

Alors que les républicains martèlent depuis des jours un argument qui avait déjà été utilisé avec succès par Ronald Reagan contre le démocrate Jimmy Carter en 1980, « Êtes-vous dans une meilleure situation qu'il y a quatre ans? », M. Clinton leur a réservé une réponse claire et nette.

« Sommes-nous là où nous le souhaitons? Non. Est-ce que le président est satisfait? Non. Mais sommes-nous dans une meilleure situation que quand il a pris ses fonctions, avec une économie en chute libre, qui perdait 750 000 emplois par mois? La réponse est oui! », s'est-il écrié.

M. Obama est devenu officiellement le candidat des démocrates dans la nuit de mercredi à jeudi, quand les délégations ont procédé au vote en sa faveur, État par État et par ordre alphabétique, une procédure cérémoniale puisque le président était le seul candidat.

Il sera précédé jeudi soir sur scène par le candidat malheureux de 2004 John Kerry, qui parlera politique étrangère, et son propre vice-président Joe Biden. Le dirigeant sortant est engagé dans une campagne âpre avec M. Romney, sur fond de sondages très serrés.

Alors que le vote anticipé dans certains États pour l'élection présidentielle commence dès jeudi, M. Obama, accompagné de son épouse Michelle qui a fait elle aussi un triomphe mardi soir à Charlotte, doit repartir en campagne vendredi avec M. Biden dans le New Hampshire et l'Iowa, deux États-clé où M. Romney a prévu de se rendre le même jour.

Les deux camps auront les yeux rivés sur l'éventuel rebond de la convention de Charlotte sur les intentions de vote en faveur de M. Obama, tout comme sur les chiffres mensuels du chômage qui tomberont vendredi en début de matinée.

Mais dans l'immédiat, alors que M. Romney a passé la semaine de la convention à se préparer aux trois débats qui l'opposeront à M. Obama en octobre, les républicains ont diffusé jeudi une nouvelle vidéo sur l'internet. On y voit une femme annoncer, apparemment à son petit ami, qu'elle a décidé de rompre. Mais en face d'elle se trouve... une photo du président sortant.«Je préfère qu'on soit amis», dit-elle.