À la veille du plus important discours de sa carrière politique, Mitt Romney a reçu un rappel brutal du défi qui l'attend à la tribune de la convention républicaine de Tampa.

Pas moins de 51% des Américains ont une opinion défavorable de l'ancien gouverneur du Massachusetts, selon un nouveau sondage Washington Post/ABC News. Depuis 1984, aucun candidat présidentiel d'un des grands partis américains ne se sera présenté devant l'électorat avec un taux d'impopularité aussi élevé.

En prenant la parole ce soir à Tampa, Mitt Romney voudra donc poursuivre l'offensive de charme lancée mardi soir par sa femme Ann, dont le discours intimiste a été bien reçu. Et il tentera d'établir un lien avec les Américains en s'ouvrant notamment sur sa foi mormone, sujet sur lequel certains de ses stratèges auraient préféré qu'il reste discret.

Or, selon Eric Fehrstrom, un de ses principaux conseillers, Mitt Romney a « insisté » pour parler de son expérience en tant qu'évêque de la communauté mormone de Boston, poste qu'il a occupé de 1981 à 1986. À la même époque, le futur fondateur de Bain Capital entamait une carrière fructueuse chez Bain&Company.

« Il a une compréhension des difficultés auxquelles font face les Américains ordinaires », a déclaré Fehrstrom en évoquant le rôle de Mitt Romney au sein de sa communauté lors d'une rencontre organisée mardi matin par Bloomberg News.

Tagg Romney, fils aîné du candidat républicain, a également abordé cette semaine la question du rôle de la religion dans la vie de son père, comme s'il voulait préparer le terrain pour le discours de ce soir. Certains Américains nourrissent encore des préjugés contre les mormons.

«Un des principes de notre foi est la charité, les bonnes oeuvres. Mais on ne veut pas se vanter de ces choses», a-t-il dit hier après-midi lors d'une rencontre organisée par le journal Politico. «Il [mon père] a fait de son mieux, il a mené sa vie de cette façon. Il est prêt à parler du fait qu'il a joué ce rôle, mais il ne veut pas parler des gens qu'il a aidés.»

Âgé de 42 ans, Tagg Romney s'est néanmoins autorisé à rappeler le rôle que son père a joué auprès de la fille d'un de ses partenaires, mort d'un infarctus. Quand celle-ci a demandé au fondateur de Bain Capital une aide financière pour entreprendre des études en médecine, il a accepté sur-le-champ.

«Il lui a fait un prêt considérable et il s'est assis à intervalles réguliers avec elle pour examiner ses résultats scolaires. Cette femme ne voudrait probablement pas être nommée aujourd'hui», a dit Tagg Romney.