Les autorités libyennes ont qualifié samedi de «tentative de coup d'État» l'offensive menée à Benghazi (est) par un général à la retraite contre des milices islamistes.

Les affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés vendredi à Benghazi, dans l'Est libyen, selon un nouveau bilan communiqué samedi soir par le ministère de la Santé.

Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a lancé vendredi matin une opération contre des groupes qu'il a qualifiés de «terroristes» à Benghazi, fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées.

Tripoli considère cette offensive comme «un agissement en dehors de la légitimité de l'Etat et un coup d'État», selon un communiqué lu par le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein.

«Tous ceux qui ont participé à cette tentative de coup d'État vont être poursuivis par la justice», a-t-il averti.

M. Haftar a démenti plus tard ces accusations.

«Notre opération n'est pas un coup d'État et notre objectif n'est pas de prendre le pouvoir», a-t-il dit à la presse. «Cette opération vise un objectif précis qui est d'éradiquer le terrorisme» en Libye, a-t-il dit.

M. Haftar, qui se présente comme chef de l'«armée nationale» et qui a bénéficié pour cette opération de la défection d'officiers et d'unités de l'armée ainsi que du soutien d'avions et d'hélicoptères de combat, semble agir de sa propre initiative.

L'armée régulière, qui n'est toujours pas opérationnelle trois ans après la révolte, a démenti toute implication dans les affrontements.

«L'opération va continuer jusqu'à purger Benghazi des terroristes», a déclaré M. Haftar.

Samedi, la situation est restée calme à Benghazi jusqu'en fin d'après-midi, quand un avion militaire a mené un raid contre un groupe d'ex-rebelles islamistes au nord-ouest de la ville, sans faire de victime, selon un de ces ex-rebelles.

Ce raid a été mené malgré une décision de l'armée régulière décrétant samedi une zone d'exclusion aérienne sur Benghazi et sa région, et menaçant d'abattre tout avion militaire survolant la zone.

Originaire de l'Est, Khalifa Haftar a fait défection de l'armée de Kadhafi à la fin des années 1980 et a passé près de 20 ans aux États-Unis avant de rentrer pour participer à la rébellion de 2011.