Des dizaines de pick-up aux couleurs uniformes ferment tous les accès au complexe résidentiel de Regata à Tripoli. Une jeune brigade de l'armée libyenne s'apprête à déloger une milice qui s'est approprié de luxueuses villas abandonnées par des membres de l'ancien régime.

Dans la discipline la plus totale, des dizaines de membres de la «Force nationale mobile» portant des treillis militaires entrent dans le complexe sous le regard des habitants du quartier, plus habitués à voir des brigades d'ex-rebelles désordonnés, bruyants et mal organisés.

Une fois le dispositif en place, les commandants de la brigade négocient avec la milice occupant les lieux, qui décide finalement de quitter le site sans opposer la moindre résistance, selon un journaliste de l'AFP présent sur les lieux.

Auparavant, cette force, qui dépend du ministère de la Défense, avait pris possession d'un site militaire sur la route de l'aéroport de la capitale libyenne. Les membres de la milice qui étaient sur le site ont été arrêtés et leurs armes confisquées, affirme la brigade dans un communiqué qui ne fait pas état de victimes.

«Notre mission est d'évacuer toutes les installations publiques et les propriétés privées occupées par des groupes qui ne sont pas sous l'autorité de l'État», explique Haj Moussa, un des dirigeants de la Force nationale mobile.

Selon lui, cette unité est composée de «vrais révolutionnaires» ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi lors de la révolution de 2011 puis abandonné les armes après la «libération du pays».

«Ces jeunes ont repris les armes pour défendre leur réputation, ternie par des milices de criminels, des gens qui n'avaient rien à voir avec la révolution et qui se cachent sous l'appellation de révolutionnaire pour piller, commettre des crimes ou imposer des idées politiques ou religieuses», explique un autre commandant sous couvert de l'anonymat.

«Les membres de cette force n'ont suivi aucun entraînement», dit-il. Ils ont eu «suffisamment d'expérience sur différents fronts durant la révolution pour leur permettre de mener à bien les tâches qui leur sont confiées», ajoute ce commandant dans le quartier général de la brigade, situé à Janzour dans la banlieue ouest de Tripoli.

«La discipline est notre maître mot ici», affirme-t-il à l'AFP, expliquant que la plupart des membres de la brigade sont venus des villes de l'ouest du pays, comme Jado, Yefren, Nalout ou Zouara.

«C'est le chef d'état-major qui nous donne les instructions et identifie les sites à évacuer. Nous recevons l'information quatre ou cinq heures avant l'opération. Nous envoyons rapidement une équipe pour repérer les lieux et puis on prépare notre plan».

Samedi soir, l'armée a fixé un ultimatum de 48 heures aux milices et groupes armés pour évacuer les sites qu'ils occupent en Libye. Les autorités ont ordonné la dissolution de toutes les formations armées «qui ne sont pas sous la légitimité de l'État», au lendemain d'une sanglante rébellion des habitants de Benghazi (est) contre des miliciens islamistes.