La tension monte d'un cran en Libye, alors que le régime Kadhafi a appelé lundi les volontaires à s'enregistrer pour combattre les forces «croisées» et les rebelles. De son côté, le chef du Conseil national de transition (CNT) a estimé qu'«il n'y a aucune chance, actuellement ou dans l'avenir, pour que Kadhafi reste en Libye».

Le colonel Mouammar Kadhafi n'a désormais plus qu'une issue: «quitter le pouvoir et faire face à la justice», a dit dans un communiqué Moustafa Abdeljalil.

Dimanche, la colère a gagné les rues de Benghazi, le bastion des rebelles dans l'Est, en raison de la propagation d'informations selon lesquelles le CNT était prêt à permettre au «Guide» de se retirer en toute immunité quelque part en Libye.

Une centaine de personnes s'étaient ainsi rassemblées devant l'hôtel qui accueille les locaux du CNT au moment où un dirigeant du CNT donnait une conférence de presse, dans une rare démonstration d'opposition à Benghazi envers la direction politique de la rébellion.

Cette offre, puis son retrait, illustre la division qui règne au sein du CNT où, selon des sources impliquées, d'anciens membres du régime font pression pour engager un dialogue avec des caciques à Tripoli, tandis que des opposants de toujours refusent toute discussion.

Quoi qu'il en soit, le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, répète à l'envi qu'il ne cèdera pas à la pression militaro-diplomatique, menaçant même d'exporter la guerre en Europe.

Pays longtemps proche de Tripoli, avant de monter le ton ces derniers jours, la Turquie avait offert ses «garanties» pour permettre au dirigeant libyen une retraite sereine, ce qu'il a refusé.

Levée de nouvelles troupes fidèles à Kadhafi

«Le comité général pour la défense annonce l'ouverture de bureaux pour enregistrer les combattants, femmes et hommes, qui veulent lutter contre les forces croisées et les bandes de traîtres», selon la télévision d'État, qui fait référence aux rebelles qui disputent le pouvoir au régime libyen.

Cette annonce intervient trois jours après un discours du colonel Kadhafi dans lequel il a décrété la mobilisation et incité ses partisans à marcher sur des positions occupées par la rébellion pour les récupérer.

S'adressant vendredi à des milliers de Tripolitains sur la Place Verte, le dirigeant libyen avait exhorté ses partisans à «marcher sur Misrata et la libérer pouce par pouce, sans recours aux armes». «Finissez la bataille rapidement», leur avait-il dit.

Située à l'est de Tripoli, Misrata est contrôlée depuis des semaines par les rebelles, qui ont affirmé début juin avoir repoussé plusieurs tentatives des forces loyales à Mouammar Kadhafi de reprendre la ville.

Les rebelles, qualifiés de «traîtres à la solde des forces croisées» par le régime libyen, ont annoncé dimanche à Benghazi, leur fief, qu'ils se préparaient à déclencher une offensive majeure sur le front Ouest avec l'objectif d'être à portée de canon de Tripoli, remontés par le parachutage d'armes françaises et des frappes accrues de l'Otan.

Depuis le 15 février, le conflit en Libye a fait des milliers de morts et poussé à l'exode des centaines de milliers de personnes, selon des agences de l'ONU.