La Syrie a connu mardi une nouvelle journée sanglante avec la mort d'au moins 25 personnes dans des bombardements intensifs dans la province septentrionale d'Alep, des violences qui sonnent le glas de la trêve entre régime et rebelles.

Le patron de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit «profondément préoccupé» par les violences, en appelant à «maintenir la suspension des hostilités» pour faciliter la tâche des humanitaires dans un pays où des millions de personnes touchées par la guerre ont besoin d'aide.

A Genève, les discussions indirectes entre régime et opposition sous l'égide de l'ONU doivent s'achever mercredi, mais aucun progrès n'a été enregistré puisque les principaux représentants de l'opposition réunis au sein du Haut comité des négociations (HCN) ont suspendu leur participation.

Depuis une dizaine de jours, les bombardements dans la province d'Alep, notamment dans la ville éponyme, se sont intensifiés tuant plus d'une centaine de civils et faisant voler en éclats la trêve initiée par les États-Unis et la Russie et entrée en vigueur le 27 février.

Mardi, au moins deux civils ont été tués par des tirs de roquettes rebelles sur des zones contrôlées par le régime dans l'ouest de la ville d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'aviation du régime a de son côté tué 15 civils dans des quartiers rebelles de l'est de cette ville coupée en deux depuis 2012, selon les secouristes. Trois autres, deux femmes et un enfant, ont péri dans des bombardements du régime.

«Nous sommes à bout»

Les secouristes de la défense civile ont annoncé la mort de cinq de leurs camarades dans un raid aérien contre leur siège à Atareb, localité située à 35 km à l'ouest d'Alep et contrôlée par des rebelles islamistes.

«Les avions bombardent les marchés, les zones résidentielles... Nous sommes à bout», a témoigné un secouriste.

Il n'était pas clair si les frappes sur Atareb avaient été menées par l'aviation syrienne ou l'allié russe du régime de Bachar al-Assad.

La trêve «n'existe plus», a affirmé samedi Rami Abdel Rahmane le directeur de l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources et de militants à travers le pays en guerre.

Pour protester contre la détérioration de la situation humanitaire et les violations de la trêve, les représentants du HCN ont quitté la semaine dernière la table des négociations à Genève.

Un autre groupe d'opposants tolérés par le régime et présent à Genève a réclamé que les différentes composantes de l'opposition soient réunies dans une délégation unique même si elles n'ont pas les mêmes positions.

«Les discussions de Genève doivent se poursuivre, car c'est le meilleur service que l'on peut rendre au peuple syrien», a dit un opposant de ce groupe Qadri Jamil.

La trêve exclut les groupes djihadistes État islamique (EI) et Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) qui contrôlent de vastes territoires notamment dans le nord du pays, frontalier de la Turquie. 

Moins de recrues pour l'EI 

Préoccupée des attaques de plus en plus fréquentes de l'EI sur son territoire, la Turquie a annoncé par son intention de déployer des batteries américaines de missiles antimissiles à sa frontière avec la Syrie, en accord avec les États-Unis.

Le groupe djihadiste, qui semble affaibli après ces défaites face aux forces gouvernementales en Syrie comme en Irak, n'attire plus autant de recrues, selon le général américain Peter Gersten.

Selon lui, il y a un an, de 1500 à 2000 combattants étrangers rejoignaient les rangs de l'EI chaque mois, contre 200 actuellement.

Washington avait estimé il y a quelques mois le nombre de combattants de l'EI à entre 20 000 et 31 500 combattants, mais le département d'État a affirmé il y a quelques jours que ce nombre était tombé au plus bas depuis qu'il a commencé à surveiller le groupe en 2014.

L'EI, qualifié par le président Barack Obama comme la «menace la plus urgente» pour la communauté internationale, est la cible de l'aviation de la coalition dirigée par les États-Unis, de celle du régime syrien et de celle de la Russie.

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, plus de 270 000 personnes sont mortes et plus de la moitié de la population a été poussée à la fuite.