La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé dimanche qu'une intervention étrangère en Syrie risquerait de précipiter une guerre civile dans ce pays, alors que la possibilité d'envoyer une «force arabe» de maintien de la paix a été évoquée vendredi à Tunis.

«Je pense qu'il y a tous les risques d'une guerre civile (en Syrie). Une intervention étrangère n'empêcherait pas cela, elle précipiterait même probablement les choses», a déclaré Mme Clinton dans une interview sur la BBC réalisée à Rabat où elle était en visite.

«Il y a beaucoup de mauvais scénarios qu'on essaie de prévoir, en même temps nous gardons l'oeil sur les besoins en aide humanitaire, nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour soutenir l'opposition syrienne (...) et nous essayons d'encourager une transition démocratique», a-t-elle ajouté.

«Cela a pris plus d'un an au Yémen, mais finalement un nouveau président a prêté serment. Des gens ont continué à être tués durant tout ce temps, bien sûr ce sont des situations très douloureuses», a-t-elle reconnu.

La conférence des amis du peuple syrien qui a réuni une soixantaine de pays vendredi à Tunis, en l'absence toutefois de la Russie et la Chine, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions pour faire plier le régime de Damas, mais a temporisé sur le déploiement d'une force conjointe arabe/ONU de maintien de la paix.

La Tunisie et le Qatar ont réclamé la création d'une telle force, tandis que l'Arabie saoudite a suggéré d'armer l'opposition au régime syrien.

«Il y a toujours une très forte opposition à une intervention étrangère, à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie», a encore souligné la secrétaire d'État américaine. «Nous n'avons pas l'approbation du Conseil des Nations Unies, qui donne la légitimité et la crédibilité aux décisions de la communauté internationale», a-t-elle rappelé.

«Il y a plusieurs acteurs dangereux dans la région, Al-Qaïda, le Hamas, et d'autres qui sont sur notre liste d'organisations terroristes, qui affirment leur soutien à l'opposition. Il y a beaucoup de Syriens qui sont inquiets de ce qui pourrait arriver ensuite», a-t-elle également souligné.

«Je ne veux pas dire que rien ne peut être fait. Je ne le pense pas, je trouve que nous avançons autant que possible», a déclaré Hillary Clinton.

«Si vous faites entrer des armes automatiques, que vous pouvez sans doute faire passer à la frontière, que peuvent-elles face à des tanks et à l'artillerie lourde?», a-t-elle encore demandé.