La Ligue arabe s'est prononcée dimanche pour la poursuite et le renforcement de sa mission d'observateurs en Syrie, cible de vives critiques l'accusant d'inefficacité face à une crise qui a encore fait des dizaines de morts ces derniers jours, et a appelé à l'arrêt des violences.

Le comité ministériel de la Ligue en charge du dossier a décidé de «donner aux observateurs le temps nécessaire pour poursuivre leur mission conformément au protocole», après avoir examiné le premier rapport du chef des observateurs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi.

Le protocole arabe accepté par Damas prévoit, outre la mission d'observation, l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation pour les observateurs arabes et la presse.

Le comité, à l'issue d'une réunion au Caire, où siège l'organisation panarabe, a également appelé le gouvernement syrien à respecter ses promesses, même s'il a fait des «progrès partiels».

La Ligue a réclamé à Damas et «à toutes les parties un arrêt immédiat de toute forme de violence», et demande au général Dabi un «rapport complet» pour le 19 janvier sur les efforts de Damas pour tenir ses engagements.

Le communiqué appelle au renfort financier, logistique, matériel et en effectifs de la mission, forte actuellement de 163 personnes sur le terrain, pour en «assurer le succès».

La Ligue appelle aussi à la poursuite des discussions avec l'ONU pour le renforcement des «capacités techniques» de ses observateurs.

Le premier ministre du Qatar, Cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani, qui présidait la rencontre, a déclaré à la presse que le rapport montrait «que les meurtres ont diminué», mais, a-t-il ajouté, «un seul mort est un mort de trop».

«Nous espérons que le gouvernement syrien prendra des mesures décisives pour arrêter l'effusion de sang. La Syrie doit être forte et prendre une décision historique», a-t-il dit.

Le responsable qatari a ajouté que la Ligue espérait augmenter le nombre des observateurs sur le terrain à quelque 300.

Ce rapport intervient alors que les appels se sont multipliés pour que le dossier syrien soit transféré à l'ONU.

L'opposition syrienne a ainsi accusé les observateurs d'être «manipulés» par le régime du président Bachar al-Assad et la Ligue de s'être montrée incapable de faire cesser les violences. Les premiers observateurs ont entamé leur mission le 26 décembre.

Depuis plus de neuf mois, la répression de la révolte a fait plus de 5000 morts, selon une estimation de l'ONU en décembre, et samedi, 21 civils, dont quatre manifestants pro-Assad, ont encore péri. Vendredi, un nouvel attentat dans le centre de Damas avait aussi fait 26 morts.

Le général Dabi, dont la nomination fait polémique car il a dirigé un temps au Soudan les forces nordistes pendant la guerre civile avec le Sud, avant d'être impliqué dans le conflit au Darfour, a estimé dans le journal britannique The Observer qu'il était trop tôt pour juger sa mission.

«C'est la première fois que la Ligue organise une telle mission. Et elle vient juste de commencer, donc je n'ai pas encore eu le temps de me faire une opinion», a-t-il déclaré.

La Ligue arabe a récemment reconnu des «erreurs» mais a défendu la mission, assurant qu'elle avait permis la libération de détenus et le retrait des chars des villes, des affirmations contestées par les militants pro-démocratie.

L'opposition syrienne a pour sa part qualifié cette mission d'«échec» et appelé l'ONU à intervenir.

Dans le même temps, en signe des liens solides entre Damas et Moscou, une flotte russe composée de navires de guerre, de sous-marins, d'avions de combats, d'hélicoptères et plusieurs systèmes de missiles anti-aériens, a accosté dans la base navale de Tartous en Syrie, a annoncé l'agence syrienne Sana.