Le sultan d'Oman, Qabous ben Said, a limogé trois hauts responsables gouvernementaux, samedi, dans une tentative d'apaiser la contestation qui gronde, après plus d'une semaine de manifestations anti-gouvernementales.

Face aux soulèvements, le sultan a procédé à un second remaniement en une semaine, remplaçant deux ministres, dont le ministre du cabinet royal, ainsi que le secrétaire général chargé des affaires de la cour royale, responsable de la sécurité.

Un manifestant avait été tué par la police samedi dernier à Sohar, deuxième port du sultanat où plusieurs centaines de personnes s'étaient regroupées sur le principal rond-point de la ville pour exiger des augmentations de salaire, des emplois pour les jeunes et le limogeage de certains ministres.

Les mesures prises par le pouvoir n'ont pas réussi à mettre fin aux manifestations dans la capitale, Mascate, et dans la ville de Sohar, où elles ont débuté, mais certains protestataires ont tout de même bien accueilli la décision du pouvoir.

Pour tenter d'apaiser la colère, le sultan Qabous ben Said avait déjà ordonné, le 27 février, la création de 50 000 emplois dans la fonction publique et l'instauration d'une allocation mensuelle de 150 rials (396 dollars) pour les chômeurs. La veille, au premier jour des manifestations, il avait remplacé six ministres de son cabinet.

Mais ces mesures n'ont pas mis fin aux manifestations. Le sultanat d'Oman, situé dans le golfe Persique, est le dernier pays en date à être gagné par le vent de contestation qui souffle sur le monde arabe. Cette vague pourrait continuer de s'étendre dans la région, avec des appels à manifester lancés au Koweït et en Arabie saoudite.

Oman partage avec l'Iran le contrôle du détroit d'Ormuz, à l'embouchure du golfe, la route qu'empruntent environ 40 pour cent des pétroliers du monde. Le sultanat joue également un rôle important de médiateur entre l'Iran et l'Occident du fait de ses liens forts avec Téhéran et Washington.

Les soulèvements se sont étendus à la région pétrolifère d'Haïma, à 500km au sud-ouest de Mascate, ont déclaré samedi des responsables gouvernementaux. Des manifestants se sont rassemblés pour réclamer plus d'investissements publics dans la région, ont ajouté ces responsables qui ont requis l'anonymat. Des ouvriers du secteur énergétique ont aussi organisé une grève.

Oman joue un rôle important de médiateur entre l'Iran et l'Occident en raison de ses liens étroits avec Téhéran et Washington.

L'an dernier, Oman a négocié une caution de 500 000 $ pour la libération de l'Américaine Sarah Shourd, détenue en Iran. Elle et deux amis - qui demeurent emprisonnés - avaient été appréhendés à la frontière Iran-Irak en juillet 2009, puis accusés d'espionnage.