Le Canada demande à la Libye de mettre fin aux violences contre les manifestants pro-démocratie, alors que plus de 200 personnes auraient trouvé la mort lors des manifestations des derniers jours dans ce pays.

Le premier ministre Stephen Harper a vivement condamné le recours à la force par le gouvernement libyen, lundi, qualifiant ces gestes de «scandaleux» et «inacceptables».

«Nous condamnons fortement les actions du gouvernement de ce pays qui a employé la violence contre ses propres citoyens. Nous demandons qu'il cesse immédiatement ces actions», a tranché le premier ministre canadien, de passage à Vancouver.

Quelques heures plus tôt, son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait lui aussi appelé Tripoli à faire preuve de retenue et à arrêter d'utiliser la force excessive et parfois mortelle contre les protestataires.

«Nous exhortons les forces de sécurité libyennes à respecter les droits de toutes les personnes concernées ainsi que leur engagement envers la liberté d'expression et le droit de réunion. Les autorités libyennes doivent faire preuve de retenue et cesser d'avoir recours à une force meurtrière contre les manifestants», a fait valoir le ministre, en point de presse à Wakefield, en Outaouais.

Les manifestations pacifiques de la dernière semaine ont cédé aux violences, en Libye, où le gouvernement a choisi d'avoir recours à la force pour mettre un terme au mouvement populaire qui réclame le départ du colonel Mouammar Khadafi, qui dirige le pays depuis plus de 40 ans.

Le ministre Cannon a précisé qu'environ 500 Canadiens se trouvaient présentement dans ce pays d'Afrique du Nord et qu'environ 350 d'entre eux étaient enregistrés auprès de l'ambassade du Canada à Tripoli.

Pour le moment, le gouvernement canadien ne prévoit pas de plan d'évacuation, puisque l'aéroport de Tripoli est toujours ouvert et que les vols commerciaux sont toujours en circulation, a-t-il affirmé.

Le gouvernement canadien déconseille néanmoins tout voyage non essentiel dans ce pays.

L'ambassade canadienne à Tripoli a quant à elle relocalisé à l'extérieur du pays son personnel canadien non essentiel et les personnes à charge canadiennes. Les employés locaux n'ont pas été évacués, selon le ministère des Affaires étrangères canadien.

Le ministre Cannon a par ailleurs détaillé qu'une cinquantaine de Canadiens travaillaient en outre en Libye pour des entreprises d'ingénierie et pétrolières, qui possèdent leur propre plan d'urgence.

La firme montréalaise SNC-Lavalin a indiqué lundi que tous ses employés en Libye étaient en sécurité, mais que le travail avait été suspendu temporairement dans certains projets.

L'entreprise Suncor Energy, de Calgary, a de son côté précisé avoir établi un plan d'urgence pour assurer la sécurité de son personnel en Libye et suivre de près l'évolution de la situation.

M. Cannon a affirmé que la sécurité des Canadiens en Libye était sa principale préoccupation, mais il a aussi exhorté le gouvernement libyen à céder à la pression en faveur de réformes économiques et démocratiques, réclamées tour à tour dans plusieurs pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient depuis quelques semaines.

«Nous appuyons la primauté du droit, nous appuyons la liberté, que ce soit la liberté de religion ou d'expression», a fait valoir le ministre.

Les forces de sécurité du dictateur Khadafi ont lancé les mesures de répression les plus violentes qu'a connues le monde arabe depuis le début des soulèvements populaires dans la région, qui ont mené aux départs des dirigeants égyptien et tunisien au cours des dernières semaines.

Au moins 233 personnes auraient été tuées jusqu'à maintenant, selon l'organisme Human Rights Watch.

Les manifestants libyens affirment avoir pris le contrôle de Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays.

Le soulèvement s'est propagé jusqu'à la capitale, Tripoli, et des affrontements ont eu lieu sur la place centrale de la ville. Mais certains parmi les forces de sécurité auraient tourné le dos au pouvoir et choisi le camp des manifestants, en refusant de sévir contre ceux-ci.

Deux avions militaires ont d'ailleurs fui l'espace aérien libyen pour se poser sur l'île de Malte, où les deux pilotes - deux colonels - ont demandé l'asile politique, selon les autorités maltaises.

Outre les forces de militaires, le colonel Khadafi aurait également perdu l'appui de certains diplomates, dont l'ambassadeur adjoint de la Libye aux Nations unies, Ibrahim Dabbashi, qui accusé le dirigeant de commettre un génocide contre son propre peuple.

Le fils du dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, a juré, cette fin de semaine, que son père et ses forces de sécurité lutteraient jusqu'à la dernière balle pour se maintenir au pouvoir.

Les Canadiens qui s'inquiètent pour des amis ou des proches qui se trouvent en Libye peuvent contacter le Centre des opérations d'urgence du ministère des Affaires étrangères au 1-800-387-3124.