Quatre semaines après les attentats qui ont frappé la France début janvier et qui resteront «inscrits dans la mémoire» du pays, François Hollande s'est dit jeudi «changé» par l'épreuve et a annoncé des mesures pour renforcer l'unité nationale.

En soulignant l'immense mobilisation de la population qui a suivi ces attentats, le président français a annoncé jeudi une série de mesures, notamment l'extension du service civique volontaire pour les jeunes et la création d'une «réserve citoyenne» ouverte à tous.

«J'ai forcément changé à la suite de ces événements», a-t-il déclaré, lors de sa première grande conférence de presse depuis les attentats. «Ces épreuves changent aussi notre pays, qui a éprouvé une grande fierté avec un grand malheur», a-t-il ajouté.

Des millions de Français sont descendus dans la rue le 11 janvier après les attaques meurtrières (17 morts) contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et un magasin casher ainsi que l'assassinat d'une policière, par trois jeunes djihadistes français.

Le président socialiste a expliqué ce sursaut d'unité nationale dans un pays prompt aux dissensions par le fait que «la France a été attaquée dans ce qu'elle a de plus sacré, la liberté d'expression».

«L'esprit de janvier 2015», a-t-il dit, va dorénavant inspirer toute son action durant les deux ans et demi à venir de son mandat.

Alors que l'existence de ghettos urbains est désignée comme une des causes principales du basculement de certains jeunes vers le djihadisme, il a promis de renforcer l'action de l'État pour favoriser la mixité sociale et a annoncé de nouveaux moyens pour lutter contre l'échec scolaire.

François Hollande vient à peine de sortir d'une impopularité abyssale, due pour une large part à son insuccès face au chômage, mais aussi à l'impression diffuse qu'il n'occupait pas totalement jusqu'à présent la fonction présidentielle.

«Pendant deux ans et demi, tous les jours qui me séparent de la fin de mon mandat, je ne cesserai d'agir dans l'esprit de l'unité de la République et de l'égalité entre les Français», a-t-il déclaré jeudi avec gravité.

Le «président normal» qu'il avait voulu être à peine élu, mais dont l'image s'était vite abîmée avec les scandales financiers touchant certains proches et les turbulences de sa vie privée, bénéficie maintenant d'une image plus flatteuse de rassembleur de la nation, même si sa cote de confiance (en hausse de 6 à 10 points selon les derniers sondages) reste inférieure à 30 %.

La menace du populisme

Le discours était ferme jeudi pour souligner que la France était en guerre contre le djihadisme, et rappeler l'engagement de la France au Sahel et en Irak, ou encore pour souligner la nécessité de donner une dernière chance à la diplomatie en Ukraine.

«Mais la France ne peut pas régler tous les conflits du monde», a-t-il souligné, évoquant aussi la Syrie et la Libye. «Je veux adresser un message à la communauté internationale et aux plus grands pays : faites votre travail, ne faites pas la leçon, faites l'action. Faites votre devoir».

Sur le plan intérieur, François Hollande s'est aussi voulu à l'offensive en rappelant avec force les valeurs de la France : la liberté, l'égalité et la fraternité, et la laïcité qui «n'est pas négociable, car elle nous permet de vivre ensemble» et qui devra être mieux enseignée à l'école.

Il a dénoncé «le populisme», «une menace considérable» en France et en Europe, soulignant qu'«un pays qui est touché par le populisme ne peut pas avoir aussi un rayonnement international parce qu'on le regarde un peu différemment».

Le Front national, parti d'extrême droite dirigé par Marine Le Pen, dépasse maintenant la gauche et la droite dans les intentions de vote à la prochaine présidentielle de 2017. Sa candidate est arrivée en tête d'une élection législative partielle dimanche dans le Doubs (est).

M. Hollande a déclaré jeudi que le FN «n'est pas pleinement dans les valeurs de la République», dans une critique à peine voilée à l'UMP. Ce parti de l'opposition de droite dirigé par l'ancien président Nicolas Sarkozy, dont le candidat a été éliminé, n'appelle pas à faire barrage au FN au second tour.

Nicolas Sarkozy, qui rêve de reconquérir le pouvoir, traverse une mauvaise passe, incapable de rassembler son parti en crise depuis sa défaite de 2012. Une polémique a éclaté après la révélation que le chef de l'UMP était à Abou Dhabi lundi pour une conférence rémunérée au moment où son parti se déchirait sur la stratégie à adopter face au FN.