Le camp de Grande-Synthe, dans le Nord de la France, se voulait un abri exemplaire pour les migrants rêvant de passer en Angleterre, mais il a été réduit à «un amas de cendres» lundi soir par un incendie.

L'incendie de ce camp qui accueillait quelque 1500 migrants près de Dunkerque a fait une dizaine de blessés au moins, ont précisé les pompiers locaux.

Selon le représentant du gouvernement dans la région, le sinistre, qui a vu partir en fumée les quelque 300 chalets de ce «village» improvisé, serait la conséquence d'une rixe entre Afghans et Kurdes qui avait fait six blessés à l'arme blanche dans l'après-midi.

Plusieurs témoignages tendent à prouver que la discorde serait venue de l'augmentation du nombre d'Afghans, arrivés à partir du démantèlement fin octobre 2016 de la «Jungle» de Calais, ce grand bidonville installé dans une autre ville voisine. Les Afghans étaient mécontents d'être parqués dans les cuisines collectives tandis que les Kurdes dormaient dans les chalets, dont le nombre n'avait pas été accru.

Le camp de Calais était depuis des années un véritable cul-de-sac pour les migrants désireux de franchir la Manche pour aller s'installer au Royaume-Uni. 

«Rixes entre Irakiens et Afghans» 

«Il a dû y avoir des mises à feu volontaires en plusieurs endroits différents, ce n'est pas possible autrement. Il semble que ce soit lié à des rixes entre Irakiens et Afghans», a déclaré de son côté le directeur de cabinet de la commune de Grande-Synthe, moins affirmatif.

Ces rixes entre migrants se poursuivaient toujours dans la nuit et les deux compagnies de CRS qui tentaient de les faire cesser progressaient difficilement, parfois visées par des pierres, selon le correspondant de l'AFP.

La plupart des migrants ont été évacués et seront relogés dans des hébergements d'urgence. Dès lundi soir, la ville de Grande-Synthe avait d'ores et déjà mis à disposition deux gymnases.

Ouvert en mars 2016, cet ensemble construit par l'ONG Médecins sans frontières (MSF) et la ville de Grande-Synthe comptait 1500 migrants, principalement des Kurdes irakiens, hébergés au sec dans des abris en dur et non plus sous des tentes. Ce camp, réputé pour être tenu par des passeurs kurdes irakiens, avait été le théâtre de plusieurs incidents sérieux ces derniers mois, nécessitant de faire appel à la police.

Lors de l'hiver 2016, la préfecture du Nord avait d'abord refusé de cautionner l'ouverture de ce camp, invoquant des défauts de sécurité, notamment en cas d'incendie. La mairie de Grande-Synthe avait fait faire des travaux supplémentaires, et l'État avait finalement accepté de financer le fonctionnement de ce camp aux normes ambitieuses.

Notamment du fait du démantèlement de la «Jungle» de Calais, la population du camp, qui était retombée à 700 de par la volonté de la municipalité, avait à nouveau grossi ces derniers mois.

Tout en rappelant que le site n'avait «pas vocation à rester définitivement», la mairie de Grande-Synthe se disait fière de ce «camp humanitaire dont la fonction première était l'hospitalité».