Candidat de l'opposition disqualifié, manifestation anti-Poutine autorisée de justesse... La tension monte en Russie à un peu plus d'un mois de la présidentielle.

Alors que Vladimir Poutine est au plus bas dans les sondages, le régime russe n'entend pas faire de quartier à l'opposition.

Après d'âpres négociations et plusieurs refus, la mairie de Moscou a finalement accepté la tenue d'une grande marche «pour des élections honnêtes» dans le centre-ville de la capitale le 4 février, soit un mois jour pour jour avant le scrutin.

Les autorités municipales avaient longtemps insisté sur le fait qu'un tel événement causerait des problèmes de sécurité et de circulation dans une ville déjà constamment engorgée.

Or, elles ont dû se rendre à l'évidence: en l'interdisant, elles ne faisaient qu'amplifier le risque sécuritaire. Plusieurs leaders de l'opposition et de simples participants aux deux premiers rassemblements de décembre, qui avaient réuni jusqu'à 100 000 manifestants contre les fraudes lors des dernières législatives, ont en effet annoncé qu'ils comptaient sortir coûte que coûte dans les rues le 4 février, quitte à se heurter à la répression policière.

Pour obtenir l'autorisation, les organisateurs ont toutefois dû modifier quelque peu le parcours prévu initialement.

Dans les médias sociaux, les avis étaient partagés sur cette solution de compromis. Certains l'interprétaient comme une victoire contre un régime «qui a eu peur». D'autres, au contraire, étaient furieux et estimaient qu'en cédant aux conditions des autorités, ils montraient leur «faiblesse».

Candidat écarté

Une autre décision du pouvoir a quant à elle été unanimement dénoncée par l'opposition: la commission électorale centrale a disqualifié de la course présidentielle Grigori Iavlinski, fondateur du parti libéral Iabloko, et candidat le plus critique encore en lice. Selon la commission, plus de 25% des deux millions de signatures présentées pour appuyer sa candidature étaient fausses. La loi permet un maximum de 5% de signatures invalides.

Le gouverneur de la région d'Irkoutsk, Dmitri Mezentsev, un «ami» de Poutine dont la candidature était largement perçue comme une tentative du pouvoir de donner une apparence de pluralisme au scrutin, a été exclu pour les mêmes raisons. Mais contrairement à Iavlinski, il n'a pas l'intention de contester cette décision.

Seul le milliardaire Mikhaïl Prokhorov a réussi l'exploit de l'enregistrement d'une candidature indépendante pour le scrutin du 4 mars. Critique prudent du régime, soupçonné de jouer lui aussi le jeu du Kremlin, il pourra ainsi affronter Vladimir Poutine et les chefs des trois partis de l'opposition plus ou moins loyaux au pouvoir.

Selon différents sondages menés au cours des dernières semaines, Vladimir Poutine ne récolterait «que» 36 à 52% des intentions de vote. L'homme fort du pays demeure toutefois largement en avance sur son principal adversaire, le communiste Guennadi Ziouganov, crédité de 11 à 20% des voix.