La mort d'une jeune Canadienne, le 17 janvier, dans une retraite péruvienne offrant des cérémonies chamaniques impliquant la de thés aux vertus «purifiantes», braque les projecteurs sur ce type de pratique, qui fait l'objet d'avertissements dans plusieurs pays.

Jennifer Logan, 32 ans, venait de terminer un contrat en Arabie saoudite, où elle enseignait l'anglais à des femmes. Elle était rentrée au pays pour visiter sa famille, avant de s'envoler pour le Pérou.

Neuf jours après son départ, un membre du personnel du centre où elle séjournait a téléphoné à ses parents, à Saskatoon, pour leur apprendre que leur fille était morte.

La grande voyageuse avait prévu passer deux semaines à Cayo Luz, un centre situé à Puerto Maldonaldo, non loin de la frontière bolivienne. L'endroit, qui se décrit comme une «retraite d'ayahuasca», préconise la participation à des rituels chamaniques, dont certains incluent la consommation de cette boisson à base de lianes qui aurait, selon certaines croyances, des propriétés curatives.

«Ce n'est pas ce que Jennifer a pris», a assuré hier la mère de la jeune femme, jointe à son domicile de Saskatoon. Dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, le centre Cayo Luz a indiqué que sa cliente était morte des suites d'une «purge de tabac» à laquelle elle a réagi de manière «extrême et inhabituelle».

Dans les faits, les parents de Jennifer Logan attendent toujours de découvrir ce qui a emporté leur fille. «Le gouvernement péruvien doit nous revenir avec des réponses. Ils font des tests», a laissé tomber la mère, hier.

Un puissant psychotrope

Sur les sites web des retraites d'ayahuasca, on indique régulièrement que les «purges de tabac» constituent l'étape préliminaire de la consommation d'ayahuasca.

Le directeur médical du centre des maladies infectieuses de Vancouver, Brian Conway, s'est beaucoup intéressé à la consommation de cette boisson. Celle-ci contient de la diméthyltryptamine, un puissant psychotrope qui cause «un état de stimulation neurologique et des hallucinations», explique-t-il. «C'est très dangereux», tranche le médecin.

À preuve, les médias français, britanniques et américains ont rapporté, au cours des dernières années, la mort de citoyens qui tentaient cette expérience. Dans les pages de conseils aux voyageurs, le gouvernement canadien décourage la participation à de telles «cures». «Plusieurs touristes sont tombés gravement malades, sont morts ou ont été agressés à la suite de leur participation à des cérémonies de purification spirituelle», peut-on y lire. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France servent des avertissements semblables à leurs citoyens.

Les premiers résultats d'autopsie indiquent que Jennifer Logan a souffert d'un oedème pulmonaire, un état qui se caractérise par une accumulation de fluide dans les poumons. Ce diagnostic est assez fréquent, selon le docteur Alain Vadeboncoeur. «Un arrêt respiratoire peut faire en sorte que le coeur s'engorge. Autrement, l'oedème pulmonaire peut être dû à la présence d'une substance toxique dans le corps», explique-t-il.

Selon Amy Logan, la soeur de Jennifer, le centre aurait offert à cette dernière un thé devant lui donner «de la clarté pour sa voie future». Les thés sont conçus pour faire vomir celles qui les boivent et nettoyer leur corps. «Les trois autres femmes du groupe ont cessé de vomir dans les 15 premières minutes [...] Jennifer n'a jamais arrêté et a commencé à paniquer», raconte Amy Logan, qui est convaincue que sa soeur n'est pas morte d'avoir consommé de l'ayahuasca.

- Avec Chris Purdy, La Presse Canadienne