Trente ans après le conflit armé contre la guérilla du Sentier Lumineux qui ravagea le Pérou, les restes de 80 victimes tuées dans la région d'Ayacucho (sud-est) ont été rendus à leur famille.

Le procureur général, Carlos Ramos Américo Heredia, a présidé lundi la cérémonie, un défilé de petits cercueils blancs portés sur les épaules d'écoliers, une fleur à la main.

Selon un communiqué officiel, 65 personnes ont pu être formellement identifiées par leur ADN et des empreintes dentaires, grâce aux restes exhumés dans des fosses clandestines, après plus de quatre ans d'analyses d'une équipe médico-légale.

Celle-ci a conduit 28 enquêtes dans les régions de Ayacucho et Huancavelica, épicentre des violences, liées à des poursuites pénales dans des cas de violations des droits de l'homme.

Selon ces enquêtes, les meurtres ont été commis entre 1984 et 1991 par des membres du Sentier Lumineux, mais aussi par des membres de l'armée et de la police qui accusaient les paysans de la région d'être complices de la guérilla.

«Parmi les victimes figuraient deux femmes enceintes», a indiqué à l'AFP Rolando Quispe, un odontologue médico-légal, qui a participé aux recherches.

«La plupart des victimes ont été tuées par des objets tranchants, des armes à feu et même des pierres», a-t-il précisé.

Initié en 2006, une opération d'exhumation a permis de récupérer les restes de plus de 2900 victimes ces dernières années dont quelque 1500 ont été formellement identifiées et rendues à leur famille, selon les autorités péruviennes.

Le procureur général a reconnu «qu'il restait encore beaucoup de fosses à découvrir» et que «davantage de médecins légistes et de juristes spécialisés dans les questions des droits humains devraient être impliqués dans ce processus».

Le Pérou a été mis à feu et à sang, entre 1980 et 2000, avec des attentats meurtriers jusqu'au coeur de Lima pour un bilan de quelque 70 000 morts et disparus selon la Commission de vérité et réconciliation.

Les principaux leaders du Sentier Lumineux, l'un des plus sanglants mouvements de guérilla d'Amérique latine, d'inspiration maoïste, ont été arrêtés il y a plus de 20 ans.

Son principal dirigeant, Abimael Guzman, 79 ans, appelé «Président Gonzalo» par ses partisans, a été condamné il y a 22 ans à la réclusion à perpétuité, peine qu'il purge dans la base navale du port de Lima, El Callao.