Un juge fédéral mexicain a ordonné mardi que le narcotrafiquant Joaquin «El Chapo» Guzman soit jugé au pays et qu'il y demeure incarcéré dans l'immédiat.

Les autorités ont par ailleurs affirmé qu'il n'y avait aucune chance que Guzman, formellement accusé ce week-end d'avoir enfreint les lois mexicaines contre le trafic de stupéfiants, réussisse encore à s'échapper de la prison où il est détenu, comme il l'avait fait en 2001.

Il s'agit du deuxième procès, au moins, à être intenté au Mexique contre lui depuis son arrestation, samedi matin, dans un condominium de Mazatlan, sur la côte du Pacifique. Les autorités mexicaines ont reçu l'appui d'agents américains dans cette opération.

Un deuxième magistrat devait décider mardi si Guzman doit être jugé en lien avec d'autres accusations de trafic de stupéfiants.

Guzman, qui était en cavale depuis 13 ans, pourra porter la décision du juge en appel, un processus qui s'étire typiquement sur plusieurs semaines ou plusieurs mois.

L'homme dirigeait le puissant cartel de Sinaloa, dont l'emprise dépassait les frontières du Mexique et s'étendait jusque dans plusieurs dizaines d'autre pays.

Il apparaît de plus en plus évident que les autorités mexicaines souhaitent d'abord juger Guzman pour tous les chefs d'accusation pesant contre lui au Mexique et permettre aux enquêteurs mexicains de l'interroger avant de songer à l'extrader vers les États-Unis, où il a été condamné dans au moins sept juridictions.

Au moment de son évasion d'une prison de l'État de Jalisco, en 2001, Guzman purgeait une peine pour association criminelle et corruption, et il attendait son procès pour meurtre et trafic de drogue. Certaines de ces accusations pourraient maintenant être de nouveau déposées.

Le ministre de l'Intérieur, Miguel Angel Osorio Chong, a assuré qu'une nouvelle évasion ne se reproduirait pas.

«Nous estimons qu'il est très bien surveillé et nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de faire autre chose. Il sera très isolé et ne pourra pas continuer ses activités», a-t-il déclaré.

«El Chapo» est détenu dans le pénitencier à la sécurité la plus élevée du Mexique.

Sous le coup de six inculpations aux États-Unis

Washington envisage de demander l'extradition de Guzman au gouvernement mexicain mais «la décision de formuler une requête d'extradition sera le sujet de discussions entre les États-Unis et le Mexique», a indiqué un porte-parole du ministère, Peter Carr.

S'il est extradé, Joaquin Guzman devra répondre des chefs d'inculpation de «complot de trafic de drogue» et de «blanchiment», selon les documents judiciaires obtenus par l'AFP.

Il a été ainsi inculpé par les parquets fédéraux de San Diego (Californie), San Antonio (Texas), New York, Chicago, Miami, et Concord (New Hampshire).

Un septième acte d'inculpation le visait en Arizona mais les charges ont été abandonnées en mai 2012, a-t-on précisé de même source.

Le gouvernement mexicain a indiqué mardi, par la voix de son ministre de l'Intérieur, qu'il étudierait une éventuelle demande d'extradition de «El Chapo» après avoir obtenu des informations. Mais les avocats du trafiquant ont déposé un recours contre «la détention, le confinement, la torture présumée et l'extradition» de leur client aux États-Unis, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Le représentant républicain Michael McCaul a également demandé l'extradition du narcotrafiquant aux États-Unis car «les plus gros poissons cherchent toujours à passer à travers les mailles du filet».

Le président de la commission de Sécurité Intérieure à la Chambre a rappelé que Guzman s'était échappé d'une prison mexicaine en 2001 et a demandé aux Mexicains d'envisager «la possibilité d'extrader Guzman aux États-Unis, où il serait placé dans une prison de haute sécurité».

Considéré comme le délinquant le plus puissant de la planète par la revue américaine Forbes, qui lui a attribué une fortune de plus d'un milliard de dollars, «El Chapo» était l'un des principaux exportateurs de cocaïne et de marijuana aux États-Unis, mais également vers l'Europe et l'Asie.

- Agence France-Presse