Près de 32 millions de Brésiliens ont voté dimanche pour le second tour des municipales dans 50 villes, dont São Paulo où le candidat lancé par l'ex-président brésilien Lula est donné grand favori, malgré le procès de corruption qui touche son Parti des travailleurs (PT).

Fernando Haddad (PT-gauche, au pouvoir) obtient 58% des intentions de vote contre 42% à son adversaire social-démocrate et ex-gouverneur de São Paulo, José Serra (PSDB-opposition), d'après les derniers sondages.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (10H00 GMT) à São Paulo et dans les autres villes de plus de 200 000 habitants en ballottage, dont 17 des 26 capitales de la république fédérale comme Salvador, Fortaleza et Curitiba.

Dans la perspective des présidentielles de 2014, le joyau de la couronne de ce scrutin est São Paulo, la capitale économique du pays avec onze millions d'habitants et un budget de 20 milliards de dollars.

Si le PT gagne, il en sortira renforcé, selon les analystes.

Pratiquement inconnu des électeurs, M. Haddad, soutenu à bout de bras pendant la campagne par le très populaire Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) dont il fut ministre de l'Éducation, avait créé la surprise en évinçant le favori des sondages, le candidat des évangéliques, Celso Russomanno, un avocat et ex-présentateur de TV.

M. Haddad, 49 ans, est ainsi resté en ballottage avec José Serra, 70 ans, ex-gouverneur de São Paulo et candidat malheureux à la présidentielle contre Lula et Dilma Rousseff.

De nombreux analystes prévoyaient que M. Haddad -soutenu également par la présidente Dilma Rousseff- serait vaincu en raison des répercussions du très médiatisé procès de corruption contre le PT entamé début août par la Cour suprême.

Après avoir voté à la mi-journée, M. Haddad a déclaré aux journalistes qu'il était «serein» dans l'attente des résultats, après deux mois de campagne où il a présenté un programme de gouvernement «qui tient compte de l'importance de São Paulo».

Il avait été précédé par son adversaire, José Serra. Souriant et en faisant le V de la victoire, M. Serra a dit que «la campagne a été difficile» et qu'il l'avait «basée sur la défense de l'éthique», une allusion au procès de corruption contre le PT où la Cour a jugé qu'il y avait eu versements de pots-de-vin au parlement lors des premières années du gouvernement Lula.

Aucun incident grave n'a été enregistré pendant le scrutin, les seuls problèmes ayant résulté de pannes de certaines urnes électroniques. À São Paulo, 15 000 policiers ont été détachés pour assurer la tranquillité de l'élection.

Le scrutin de dimanche devrait reproduire le rapport de force traditionnel entre le PT et le PSDB, qui gouvernent le pays en alternance depuis 18 ans. Mais cette dispute électorale devrait confirmer également une tendance qui se renforce depuis 1996: la croissance des partis politiques de la coalition de base qui gouverne avec le parti au pouvoir comme le PSB (socialiste) notamment

Des 17 capitales en ballottage, le PT est directement en lice dans six: São Paulo, Salvador de Bahia, Fortaleza, Joao Pessoa, Rio Branco, Cuiaba et favori dans trois.

Son principal allié au gouvernement, le parti du centriste PMDB, vainqueur au premier tour à Rio de Janeiro, et Boa Vista, en disputera trois autres.

Le grand rival du PT, le PSDB (opposition) est en ballottage dans huit capitales: Sao Paulo, Manaus, Rio Branco, Sao Luis do Maranhao, Joao Pessoa, Teresina, Belem do Para et Vitoria. Et, comme le PT, il est favori dans trois également.

Au premier tour, près de 140 millions de Brésiliens s'étaient rendus aux urnes pour élire pour quatre ans les maires et conseillers municipaux des 5568 municipalités du pays.