Twitter, Facebook, YouTube... Pour la première fois au Mexique, ces réseaux sociaux virtuels sont utilisés comme tremplin électoral. Les candidats à la présidentielle du 1er juillet s'en servent pour diffuser massivement leurs messages et gonfler artificiellement leurs soutiens. Les jeunes, qui représentent 30% de l'électorat, en font leur principal outil d'information, mais aussi un instrument de révolte.

«Seulement 35% de la population mexicaine a accès à l'internet, mais cette minorité est hautement participative», explique Maria Elena Meneses, chercheuse de l'Institut Technologique de Monterrey et spécialiste de la cyberculture. Le 10 juin dernier, le débat télévisé entre les candidats trouvait son reflet dans le débat virtuel qui battait son plein sur les réseaux sociaux. Même le président Felipe Calderón intervenait en direct sur Twitter pour donner son avis.

Sur Twitter, les politiciens décrivent l'accueil enthousiaste de leurs sympathisants partout au Mexique. Sur Facebook, ils livrent leurs secrets pour en finir avec la violence et le chômage. Journaux de campagne multimédias, plateformes de promesses électorales, espaces de débat avec les citoyens: la logorrhée des candidats à l'élection présidentielle sur les réseaux sociaux n'a d'égale que la passion qui s'est emparée des Mexicains pour ces fenêtres numériques interactives.

Mais l'importance accordée aux réseaux sociaux de la part des candidats a dérivé vers des abus, comme la création de comptes fantômes pour gonfler leurs soutiens et propager massivement leurs messages sur l'internet. «C'est une erreur de la part des candidats, qui jugent les internautes manipulables, et c'est contre-productif, car cela irrite les utilisateurs des réseaux sociaux», analyse Maria Elena Meneses.

Les campagnes électorales digitales visent le vote des jeunes, qui représentent 30% de l'électorat. «Les jeunes s'informent sur l'internet. Les réseaux sociaux jouent donc un rôle important dans la définition de leur vote», affirme Ricardo Femat, dirigeant du groupe de cybervolontaires de la campagne d'Enrique Peña Nieto. Le candidat centriste, qui selon les sondages disputera la victoire au postulant de gauche, est à la tête d'une armée d'environ 50 000 activistes virtuels.

Mais c'est aussi lui qui a le plus souffert de la puissance des réseaux sociaux. C'est sur ces plateformes numériques que le mouvement étudiant de protestation contre Peña Nieto s'est articulé. Alertés par le biais des réseaux sociaux, des milliers de jeunes ont manifesté contre les médias, qu'ils accusent de manipuler la campagne pour favoriser sa candidature. Témoin le phénomène Yosoy132 sur Twitter, nom inspiré par une vidéo lancée sur YouTube par 131 étudiants de l'Université ibéroaméricaine de Mexico contre Enrique Peña Nieto.