Jean-Claude Duvalier doit répondre des nombreuses violations des droits de la personne commises sous son règne, a affirmé le gouvernement Harper, hier, alors que la justice haïtienne annonçait que Bébé Doc fera face à des accusations beaucoup moins graves de corruption.

Au terme d'une enquête qui a duré un an, le juge d'instruction Carves Jean a conclu qu'il est trop tard pour accuser Duvalier des crimes contre la personne survenus pendant ses années au pouvoir, car le délai de prescription est échu. Il recommande que l'ancien dirigeant soit jugé pour corruption devant un tribunal spécial qui s'occupe généralement d'infractions mineures.

Ce scénario permet à l'ex-dictateur d'éviter des accusations plus graves liées aux violations des droits de la personne répertoriées durant son règne brutal de 15 ans.

Duvalier aurait utilisé des fonds publics haïtiens pour financer sa vie en exil pendant 25 ans. Il est rentré en Haïti il y a un peu plus d'un an, quelques mois à peine avant l'élection de l'actuel président, Michel Martelly.

Son avocat, Reynolds Georges, estime que la cause doit être rejetée complètement pour cause de prescription. «Nous allons interjeter appel», a-t-il affirmé à l'Associated Press.

Le gouvernement canadien, fortement engagé en Haïti depuis le séisme qui a dévasté le pays en janvier 2010, ne cache pas sa préoccupation de voir Jean-Claude Duvalier jouir d'une totale liberté en Haïti un an après son retour d'exil. Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a de nouveau pressé le gouvernement haïtien de prendre ses responsabilités dans cette affaire.

«Le Canada croit que M. Duvalier doit faire face à la justice pour les nombreux cas d'abus recensés pendant son règne, y compris contre les droits de l'homme, a indiqué le porte-parole du ministre, Rick Roth. Le Canada appuie entièrement les efforts d'Haïti pour traduire en justice les responsables des crimes du passé.»

Plus de 20 présumées victimes ont porté plainte contre Jean-Claude Duvalier depuis son retour d'exil, mais le dossier piétine depuis le début. Des procureurs ont été renvoyés et l'accusé a fait peu d'apparitions au tribunal, malgré les pressions de groupes de défense des droits de la personne.

-Avec Associated Press