Une dizaine de personnes ont été arrêtées vendredi dans la capitale haïtienne après des affrontements, au moment où une médiation internationale recommande l'exclusion du candidat du pouvoir, Jude Célestin, du second tour de la présidentielle.

Des témoins ont fait état d'échanges de tirs nocturnes entre police et manifestants à Port-au-Prince, où le calme semblait revenu dans la matinée. Mais les rues restaient jonchées de nombreux pneus carbonisés.

Des habitants ont mis ces violences sur le compte de bandes d'émeutiers favorables à M. Célestin.

«Il y a eu des troubles, certains personnes étaient armées, mais la situation est sous contrôle», a déclaré un policier à l'AFP.

«Nous avons arrêté une dizaine de personnes», a annoncé le porte-parole de la police nationale, Gary Desrosiers, aux radios haïtiennes, sans préciser qui était à l'origine des troubles. Il a ajouté que deux véhicules avaient été confisqués.

Selon la station Radio Métropole, des armes ont également été saisies.

Ces incidents surviennent au lendemain de la remise, au gouvernement du président sortant René Préval, d'un rapport très attendu de l'Organisation des États américains (OEA) sur le premier tour contesté de l'élection présidentielle du 28 novembre.

Selon une copie du rapport vue par l'AFP en début de semaine, les experts recommandent d'écarter le candidat du pouvoir Jude Célestin, arrivé en deuxième position à l'issue du premier tour, au profit du chanteur Michel Martelly.

«La principale recommandation reste la même», a déclaré vendredi à l'AFP le chef de la mission d'experts de l'OEA, Colin Granderson, précisant que le rapport établissait «un constat de fraude», ainsi qu'une liste des noms des responsables de ces fraudes.

«Les discussions ont commencé avec le gouvernement et s'achèveront en début de semaine prochaine. Le rapport sera rendu public à cette occasion», a-t-il dit.

La France, puissance coloniale jusqu'en 1804, a appelé les autorités haïtiennes à «tirer toutes les conséquences» du rapport de l'OEA «pour que les résultats définitifs du premier tour reflètent le choix exprimé par les électeurs».

À Washington, siège de l'OEA, le secrétaire général adjoint de l'organisation, Albert Ramdin, a regretté la violence des manifestations et appelé au calme.

«Il y a urgence (à résoudre la crise politique) car chaque jour qui passe nous rapproche de l'échéance du second tour», a-t-il déclaré à l'AFP. Le deuxième tour, qui devait avoir lieu dimanche 16 janvier, n'a aucune chance de se tenir à la date prévue.

L'annonce début décembre des résultats préliminaires du premier tour par le Conseil électoral provisoire avait provoqué des manifestations violentes de partisans de M. Martelly, qui dénonçaient des fraudes massives en faveur de M. Célestin. Le premier tour a été remporté par une ancienne Première dame, Mirlande Manigat, avec 31% des voix.

Pour tenter de ramener le calme, le président Préval avait demandé à l'OEA, considérée comme une arbitre impartiale, d'évaluer le processus électoral.

Les autorités haïtiennes n'ont pas encore réagi aux conclusions du rapport dont elles ont retardé la remise, invoquant la commémoration mercredi du premier anniversaire du séisme du 12 janvier 2010, qui a dévasté le pays.

En début de semaine, René Préval avait indiqué qu'il ne pourrait pas quitter le pouvoir comme prévu «le 7 février parce qu'il n'y aura pas un président élu» pour le remplacer.