Dilma Rousseff, la dauphine du président Lula, s'est engagée vendredi à ne pas légaliser l'avortement, un geste en direction des électeurs chrétiens devenus une des clés du second tour de l'élection présidentielle au Brésil.

«Personnellement, je suis opposée à l'avortement et suis en faveur de maintenir la loi actuelle», écrit la candidate du Parti des Travailleurs (PT, gauche) dans une lettre aux Églises évangéliques transmise à l'AFP par le comité de campagne de la candidate.

L'interruption de grossesse n'est autorisée par la loi que s'il y a danger pour la vie de la mère ou après un viol.

«Si je suis élue présidente de la République, je ne prendrai pas l'initiative de proposer des changements de la législation sur l'avortement et sur d'autres thèmes concernant la famille», a-t-elle affirmé.

La candidate fait référence à une loi en examen au parlement criminalisant la discrimination contre les homosexuels, un projet auquel s'opposent l'Église catholique et les évangélistes.

Elle a précisé qu'elle n'approuverait que «les articles de loi ne violant pas la liberté de croyance, de culte et d'expression», ce qui laissera les Églises libres de dénoncer par exemple l'union entre homosexuels.

Lors d'une réunion mercredi avec Dilma Rousseff, les leaders évangélistes avaient réclamé un engagement écrit de la candidate.

«Avec ces éclaircissements, j'espère compter sur vous pour arrêter l'odieuse campagne de calomnies dirigées contre moi», a ajouté l'ancienne ministre chef du gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva.

La divulgation sur l'internet de déclarations dans lesquelles elle se dit en faveur de la légalisation de l'avortement a fait basculer le vote chrétien dans le camp de son rival social-démocrate José Serra.

En contre-point, l'Association brésilienne des homosexuels a déploré vendredi l'utilisation de la religion dans la campagne.

«Au cours des derniers jours, nous avons assisté, perplexes, à l'utilisation de sentiments religieux et de jugements moraux dans la campagne électorale. Il n'est pas acceptable que les préjugés, le machisme et l'homophobie soient utilisés (...) et gagnent un espace privilégié en pleine campagne présidentielle», soulignent les homosexuels dans une lettre adressée aux candidats.