Le président mexicain Felipe Calderon a reconnu jeudi que la violence liée aux cartels de la drogue «avait augmenté», avec 28 000 morts depuis son arrivée au pouvoir fin 2006, tout en estimant que les gangs étaient ébranlés par l'arrestation ou la mort de plusieurs barons.

«Trois des plus grands chefs» des cartels sont tombés au cours des douze derniers mois, a fait valoir M. Calderon dans un discours transmis en direct par radio-télévision.

Le Mexique est confronté sur son sol à une «guerre chaque fois plus cruelle» entre les cartels de la drogue, dont la violence est due en partie à leur «désespoir» après la capture ou la mort de plusieurs de leurs chefs, a-t-il dit.

Il défendait son bilan face à une montée des critiques, dans l'opposition et même dans son propre parti, contre le manque de résultats de sa stratégie anti-crime.

Ces critiques ont redoublé après une éruption de violence dans le nord-est du pays, avec la découverte la semaine dernière du massacre de 72 émigrants clandestins, des attentats à l'explosif, un maire tué et deux policiers disparus, le tout attribué au gang des «Zetas».

La stratégie gouvernementale a toutefois redoré son blason avec l'arrestation, lundi, d'Edgar Valdez dit «La Barbie», un des trafiquants les plus recherchés par Mexico et Washington.

M. Calderon souligne son arrestation dans le texte de son rapport annuel envoyé au Congrès, avec la mort d'Arturo Beltran Leyva, chef du cartel qui porte son nom, et d'Ignacio «Nacho» Coronel, lieutenant du trafiquant n°1 du pays, Joaquin «Chapo» Guzman, en cavale depuis 2001 et classé parmi les milliardaires par le magazine américain Forbes.

Les deux hommes ont été abattus dans des opérations militaires.

«La guerre est chaque fois plus cruelle entre les groupes du crime organisé dans leur concurrence pour les territoires, les marchés et les itinéraires», a expliqué M. Calderon.

Le bilan de cette «guerre des cartels» avoisine 28 000 morts, entre règlements de comptes et affrontements avec la police et l'armée, depuis la prise de fonctions de M. Calderon, en décembre 2006.

Il avait d'emblée érigé en cause nationale la lutte contre les trafiquants et a déployé contre eux 50 000 militaires en renfort de la police.

Les cartels ne semblent pas pour autant avoir perdu de terrain et continuent de faire régner la terreur dans le pays, en particulier dans le nord, le long de la frontière commune avec les États-Unis, premier client mondial de la cocaïne, qui s'étend sur plus de 3 000 km.

M. Calderon a toutefois revendiqué jeudi l'élimination de 125 «chefs et lieutenants», arrêtés ou abattus.

La lutte contre le crime organisé a occupé la majorité du discours de M. Calderon, avec la «reprise économique» qu'il a soulignée et son annonce d'un passage à la télévision numérique dans le pays d'ici 2015.