Des élections législatives importantes se tiennent demain en Argentine. Au pouvoir depuis 2003, la présidente Cristina Kirchner et son mari Nestor, ancien chef d'État, pourraient perdre la majorité au Congrès. Leur principal rival: l'énigmatique millionnaire Francisco de Narvaez.

Son ennemi, Nestor Kirchner, ex-président argentin et chef actuel du Parti justicialiste (péroniste), le compare à Silvio Berlusconi.

Mais Francisco de Narvaez, principal opposant à Nestor Kirchner aux élections parlementaires de demain, assure être «aux antipodes des idées politiques» du premier ministre italien.

 

Homme d'affaires de tendance libérale, Francisco de Narvaez a, quoi qu'il en dise, de nombreuses similitudes avec le dirigeant italien.

Avec ses cheveux roux et son teint rose, qui lui valent le surnom de «Colorado» (rouquin), il a amassé sa fortune en gérant d'une main de fer le patrimoine familial, la chaîne de supermarchés Casa Tia.

En 1999, deux ans avant la terrible crise économique qui a frappé l'Argentine, il a eu le flair de la vendre à prix d'or (700 millions de dollars).

«Les hommes d'affaires et politiques partagent le même goût d'entreprendre, estime de Narvaez. Ils suivent un objectif précis et s'y tiennent.»

Affaire de drogue

Pour percer en politique, ce Colombien d'origine a mis toutes les chances de son côté. Il s'est tout d'abord fait naturaliser Argentin. Puis, il a investi une partie de sa fortune personnelle. D'après les journaux du pays, l'homme de 55 ans aurait dépensé plus de 15 millions de dollars dans la campagne électorale, soit trois fois plus que le total autorisé par la loi.

L'intéressé conteste les sommes et affirme que «la campagne officielle n'a commencé qu'à la fin du mois de mai, donc ce que j'ai dépensé avant ne compte pas».

Aujourd'hui encore, Francisco de Narvaez reste très actif dans le monde des affaires. Il détient des boutiques de vêtements en vogue, une entreprise d'exportation de fruits frais, un centre de congrès et, comme Berlusconi, un puissant réseau de médias: une chaîne de télévision, une radio et un quotidien économique.

S'il ne mâche pas ses mots pour critiquer les «conflits d'intérêts que peut susciter la détention de sociétés médiatiques par des hommes politiques», il se contredit dans la pratique.

Jusqu'ici, il a refusé de céder ses entreprises audiovisuelles, la loi argentine ne l'y obligeant pas. Récemment, un juge réputé proche des Kirchner a cité l'homme d'affaires à témoigner dans une affaire de drogue.

Un appel à un trafiquant aurait été passé depuis un téléphone portable enregistré à son nom. Le Colorado a refusé de comparaître et dénoncé une opération contre lui en pleine campagne électorale.

Tentative de suicide

D'une manière générale, il reste une énigme. Une sorte de «serpent de mer», l'animal mythique qu'il s'est fait tatouer sur le cou. De nombreux mystères l'entourent, comme sa tentative de suicide avec un revolver, en 1992, dans un hôtel cinq étoiles.

Une chose est sûre: Francisco de Narvaez est un péroniste dissident prêt à se battre dur afin d'accéder au pouvoir. Aux élections des députés de la province de Buenos Aires, demain, sa liste défie celle d'un autre péroniste, Nestor Kirchner, chef d'État argentin entre 2003 et 2007 et époux de l'actuelle présidente, Cristina Kirchner.

Du couple présidentiel, il critique presque tout. Son angle d'attaque de prédilection reste l'insécurité. «Les Kirchner ont esquivé ce thème de trop nombreuses années alors qu'il s'agit d'un problème national», estime celui qui a publié une «carte du crime» sur l'internet.

Francisco de Narvaez assure n'avoir «aucune aspiration à être président», contrairement à son ami Mauricio Macri, un autre homme d'affaires qui a conquis la mairie de Buenos Aires.

Son objectif consiste à remporter en 2011 le poste de gouverneur de la province de Buenos Aires. Il régnerait alors en «patron» sur la région la plus importante du pays.