Le suspect arrêté jeudi au Salvador dans l'enquête sur le meurtre de Christian Poveda est un membre du gang sur lequel le reporter-photographe français venait de réaliser un documentaire, ont confirmé vendredi des sources proches de l'enquête.

Ce membre de la «Mara 18» a été arrêté près de l'endroit où le journaliste de 54 ans avait été assassiné par balles mercredi. Ce suspect a été incarcéré dans une prison de Sopapango, dans la banlieue est de la capitale San Salvador.

Dans son film intitulé La vida loca (La vie folle), qui doit sortir en France le 30 septembre, Christian Poveda raconte notamment les tentatives de rédemption de certains membres de cette bande ultraviolente dont les membres sont tatoués de la tête aux pieds.

Le procureur général du pays centraméricain, Astor Escalante, avait déjà privilégié jeudi la piste de ces gangs de jeunes, nés dans les années 1980 dans les quartiers latinos de Los Angeles et qui ont ensuite essaimé en Amérique centrale.

«Nous ne pouvons pas donner de détails sur l'enquête en cours pour des raisons évidentes, mais nous croyons que des membres de gangs pourraient être impliqués dans la mort de monsieur Poveda», avait déclaré le magistrat à la presse.

Christian Poveda qui avait été menacé par des gangs, selon son entourage, revenait d'un tournage dans une banlieue de San Salvador contrôlée par les maras et a été abattu de quatre balles dans la tête sur une piste en terre délabrée.

La police compte sur le suspect identifié seulement comme «el Puma», pour lui apporter des informations sur les auteurs de l'assassinat. Selon elle, au moins trois personnes pourraient avoir enlevé Christian Poveda, puis l'avoir conduit à l'endroit où il a été abattu.

Près du véhicule du journaliste, la police a retrouvé des traces de chaussures similaires à celles portées généralement par les membres des «maras», a indiqué le chef de la brigade criminelle, Marco Tulio Lima.

Les enquêteurs espèrent découvrir des indices supplémentaires dans d'autres documents qu'ils ont découverts sur les lieux du crime (photos et vidéos sur les gangs, carnet dans lequel étaient notés les surnoms de membres des maras).

Les députés du Congrès salvadorien ont observé une minute de silence en hommage à Christian Poveda, installé dans le pays centraméricain depuis 2003 avec sa compagne salvadorienne.

Le président du Congrès, Ciro Cruz, a salué son «énorme apport» à la société salvadorienne.

«C'était un homme courageux qui nous laisse un héritage important», a déclaré Medardo Gonzalez, chef du groupe majoritaire, le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (gauche).

Le ministère salvadorien de la Culture devait également rendre un hommage vendredi au reporter-photographe français que le président du Salvador, Mauricio Funes, ancien journaliste, connaissait personnellement.

La Société interaméricaine de presse (SIP), qui réunit 1300 journaux et magazines du continent américain, a quant à elle appelé les autorités du Salvador à mener une enquête rapide pour retrouver les coupables.