Le Mexique, principal foyer de la grippe porcine, a commencé vendredi à vivre un pont du 1er Mai au ralenti dans l'espoir de freiner l'épidémie qui s'est propagée, en une semaine, à douze pays et fait redouter à l'OMS une pandémie «imminente».

Au Mexique, où la première alerte a été donnée il y a une semaine, le ministre de la Santé, José Angel Cordova, a affirmé jeudi soir que les quatre prochains jours seraient «déterminants pour fixer la tendance» de l'épidémie, qui a déjà fait 13 morts officiellement, 12 au Mexique et un aux Etats-Unis.

L'Organisation mondiale de la santé a confirmé 331 cas de grippe porcine dans le monde, dont 109 aux Etats-Unis (un mort) et 156 au Mexique (9 morts).

Durant leurs cinq jours de vacances à l'occasion du 1er Mai, les Mexicains ont été invités, dans un appel solennel du président Felipe Calderon, à «rester à la maison» afin d'éviter la contagion.

Des millions de Mexicains ont ainsi entamé ces congés cloîtrés chez eux et pour la première fois, le Zocalo, l'immense place centrale de Mexico, mégapole de 20 millions d'habitants, n'a pas vu défiler des milliers de manifestants comme le veut la tradition.

Pour venir en aide à ce pays, la Banque interaméricaine de développement (BID) avait annoncé jeudi le déblocage de trois milliards de dollars.

Douze pays au total sont désormais touchés par la grippe porcine, dénommée officiellement par l'OMS «grippe A (H1N1)», dont quatre sur le continent américain et six en Europe.

Au Mexique, le ministre de la Santé a annoncé que le nombre de patients contaminés s'élève à présent à 312, mais que ces malades «vont bien». 12 personnes sont mortes, selon le bilan officiel, et le nombre des décès «probables» reste de 84.

Le nombre de cas avérés a également augmenté aux Etats-Unis (118 dans 15 Etats), où un bébé mexicain est mort, mais aussi en Grande-Bretagne (8) et en Espagne (13).

Le 3e pays le plus touché est le Canada, avec 34 cas. Autres pays où des cas ont été confirmés: Pays-Bas, Suisse, Autriche, Allemagne, Israël, Costa Rica, Nouvelle-Zélande.

En Allemagne, où la maladie avait déjà été diagnostiquée chez trois personnes rentrées du Mexique, les autorités ont annoncé vendredi qu'une infirmière qui ne s'est pas rendue dans ce pays mais a été en contact avec un malade avait été contaminée, et qu'elle est à présent guérie.

Aux Etats-Unis, la secrétaire à la Santé, Kathleen Sebelius, a annoncé l'achat de 13 millions de traitements antiviraux pour reconstituer les stocks stratégiques et en distribuer 400.000 au Mexique. Il a été recommandé aux malades de rester chez eux pendant au moins sept jours.

La Maison Blanche a de son côté annoncé la probable contamination d'un membre de la délégation qui a accompagné Barack Obama au Mexique et a participé à un dîner avec le président américain à Mexico le 16 avril.

L'OMS, craignant une pandémie «imminente», avait relevé mercredi son niveau d'alerte à cinq sur une échelle de six.

Réunis jeudi à Luxembourg, les ministres de la Santé de l'Union européenne ont écarté pour le moment l'idée française de suspendre les vols vers le Mexique.

De nombreux pays -France, Afrique du Sud, Colombie, Australie, Irlande, Brésil notamment- vérifient actuellement des dizaines de cas suspects, généralement des voyageurs de retour du Mexique ou des Etats-Unis.

En Pologne, une fillette de 8 ans, rentrée du Mexique il y a dix jours, a été hospitalisée avec des symptômes évoquant la grippe porcine.

L'OMS ne recommande pas de restreindre les déplacements, mais Paris, Londres, La Haye, Rome et Ottawa déconseillent le Mexique.

L'Argentine, Cuba et le Pérou, ainsi que des voyagistes britanniques, français, canadiens et portugais, ont suspendu les liaisons. La Russie a demandé jeudi à ses ressortissants de ne pas se rendre sur le continent américain.

Des charters ont été supprimés à destination de la station balnéaire mexicaine de Cancun, où la fréquentation a chuté de 20%.

Et le fabricant japonais de pneus Bridgestone a annoncé vendredi la fermeture temporaire de ses quatre usines au Mexique.

Le virus, qui touche essentiellement de «jeunes adultes en bonne santé», selon les autorités mondiales, se transmet par voie respiratoire, d'homme à homme. Les symptômes (fièvre, maux de tête, courbatures) sont similaires à ceux de la grippe saisonnière, qui tue chaque année dans le monde entre 250.000 et 500.000 personnes.