Les talibans ont fait sortir un enseignant d'une mosquée dans le sud de l'Afghanistan et lui ont coupé les oreilles pour le «punir» de travailler pour le gouvernement, a assuré lundi un responsable du ministère de l'Éducation.

Les rebelles se sont également saisis d'une douzaine d'autres hommes, pour la plupart âgés, dans cette mosquée de la province méridionale de Zabul, et les ont battu parce qu'ils soutenaient le gouvernement, a ajouté le responsable régional de l'éducation, Mohammad Nabi Khushal.

Les talibans ont fait irruption dans la mosquée pendant la prière samedi soir, emmenant de force l'enseignant Bismillah Khan, selon M. Khushal.

«Ils l'ont sorti de la mosquée et lui ont coupé les oreilles. Ils ont dit: «Tous ceux qui travaillent pour le gouvernement seront punis de cette façon», a-t-il ajouté.

L'enseignant, qui travaillait dans une école rouverte il y a cinq mois, a été conduit dans un hôpital militaire américain, selon M. Khushal.

Un villageois, contacté par téléphone par l'AFP, a confirmé les faits, indiquant que les hommes armés s'étaient présentés comme appartenant à un groupe taliban.

L'un des porte-parole des talibans, Yousouf Ahmadi, a cependant démenti l'implication de ses hommes. «Ce n'était pas des moujahiddines» (combattants islamistes, NDR), a-t-il déclaré.

Les talibans ont tué ces dernières années des centaines de fonctionnaires et personnes employées par les forces internationales ou organismes internationaux dans le but d'affaiblir le gouvernement du président Hamid Karzaï.

Les rebelles s'en prennent tout particulièrement au système éducatif, l'un des principaux domaines où le gouvernement de Kaboul a enregistré des succès.

Le nombre d'élèves inscrits dans les écoles est passé d'un million en 2001 lorsque le gouvernement taliban avait été renversé, à 6,2 millions aujourd'hui, dont 35% de filles.

Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les talibans avaient interdit l'éducation aux filles.

Depuis, des centaines d'écoles ont été brûlées ou ont été obligées de fermer leurs portes pour des raisons de sécurité et, en 2007 par exemple, 220 enseignants et étudiants ont été assassinés, selon le ministère de l'Éducation.

Tout récemment encore, 100 000 manuels scolaires neufs sont partis en fumée lorsque des hommes armés ont incendié un convoi de camions dans le centre de l'Afghanistan, selon le ministère.