Le sénateur de l'Arizona John McCain, 72 ans, a pris rendez-vous avec son destin jeudi en acceptant la nomination républicaine comme candidat à la Maison Blanche, promettant d'apporter le «changement» à Washington et de mettre un terme à «la rancoeur partisane».

Le début de son discours devant la convention républicaine réunie à St Paul (Minnesota, nord) a été brièvement interrompu par deux manifestants antiguerre qui ont été rapidement évacués par la police tandis que les délégués républicains scandaient: «USA, USA».

«Ce soir j'ai un privilège donné à peu d'Américains, le privilège d'accepter la nomination du parti (républicain) pour être président des Etats-Unis. J'accepte avec gratitude, humilité et confiance», a dit M. McCain, follement acclamé par environ 20.000 de ses partisans.

«Je suis fier d'avoir présenté notre prochaine vice-présidente (Sarah Palin) au pays. Et je suis impatient de la présenter à Washington. Et laissez-moi donner un premier avertissement au Washington usé, dépensier, qui ne fait rien, qui pense moi d'abord et le pays après: le changement arrive», a dit M. McCain.

En début de soirée, la convention a officiellement nommé, par acclamation, Mme Palin, 44 ans, colistière de M. McCain.

«Encore et encore, j'ai travaillé avec des membres des deux partis pour régler les problèmes qui avaient besoin d'être réglés. C'est comme cela que je travaillerai en tant que président», a dit M. McCain.

«J'ai le bilan et les cicatrices qui prouvent» que je peux travailler sans esprit partisan, «pas M. Obama», a-t-il dit, égratignant son adversaire démocrate de 25 ans son cadet.

À chaque fois que M. McCain a prononcé le nom de son adversaire, ses partisans ont répondu par des huées.

«Je tendrai la main à quiconque m'aidera à faire avancer de nouveau ce pays», a promis M. McCain. M. McCain n'a pas manqué de rappeler ses près de six années de captivité dans une geôle du Nord-Vietnam. «Je suis tombé amoureux de mon pays quand j'étais prisonnier dans le pays d'un autre», a-t-il dit. «Je n'ai plus jamais été le même. Je n'étais plus le même homme. J'étais une part de mon pays», a dit le sénateur de l'Arizona, ancien pilote de chasse de la Navy, dont l'appareil fut abattu au dessus du Nord-Vietnam en 1967.

L'élection présidentielle du 4 novembre aura lieu dans deux mois exactement. Les sondages prévoient une lutte serrée. Un sondage CBS publié jeudi soir mettait les deux candidats à égalité (42% chacun).

Dans un entretien diffusé sur Fox News, avant le discours de M. McCain, M. Obama a reconnu que l'envoi de renforts en Irak s'était soldé par un succès.

«Je pense que l'envoi de renforts a été un succès que personne n'avait anticipé», a déclaré M. Obama. «J'ai déjà dit que cela avait été un succès au delà de nos rêves les plus fous», a-t-il ajouté, tout en soulignant qu'il n'y avait toujours pas suffisamment de progrès concernant la réconciliation politique dans le pays.

L'Irak constitue un point de friction entre les deux candidats. Opposé à la guerre depuis le début, M. Obama a promis de retirer les soldats américains dans un délai de 16 mois. Favorable à la guerre depuis son commencement, M. McCain a été l'un des premiers à réclamer l'envoi de renforts.

Pour le camp républicain, cela prouve la supériorité de jugement de M. McCain sur son adversaire démocrate.