La tempête tropicale Gustav, qui a fait au moins 59 morts en Haïti et en République dominicaine, se rapprochait jeudi des côtes de la Jamaïque et menaçait de se transformer à nouveau en ouragan, selon le Centre national des ouragans (NHC) américain, basé à Miami.

Haïti a été jusqu'ici le plus touché par Gustav, qui a balayé mardi ce pays déshérité faisant 51 morts, 7 disparus et 22 blessés ainsi que de considérables dégâts matériels, selon un nouveau bilan de la direction de la protection civile, jeudi. Le précédent bilan faisait état de 14 morts et 3 disparus.

De nombreuses habitations ont été détruites par l'ouragan, des écoles rasées, des routes coupées, des ponts submergés et des villages inondés.

En République dominicaine, la tempête a fait huit morts, tous membres d'une même famille.

Jeudi, une alerte à l'ouragan a été lancée pour la Jamaïque, où s'abattaient déjà des pluies torrentielles et où des arbres étaient déracinés et des toits arrachés. Un avis d'ouragan concerne les îles Caïmans. Une alerte à la tempête tropicale était par ailleurs en vigueur pour la province de Granma, à Cuba.

A 14h00, Gustav se trouvait à 65 km à l'est de Kingston, la capitale jamaïcaine, et à 540 kilomètres à l'est/sud-est de Grand Cayman.

Avec des vents de 110 km/heure, la tempête se déplaçait vers l'ouest à une vitesse de 7 km/heure. «Un renforcement progressif des vents est attendu» ce jeudi, selon le NHC, qui avertit que Gustav pourrait redevenir un ouragan avant de toucher la Jamaïque.

Gustav devrait passer au large ou au-dessus de la Jamaïque jeudi soir, et au large ou au-dessus des îles Caïmans vendredi soir.

Les Jamaïcains se dépêchaient de faire des stocks d'aliments et d'eau. Des files de voitures se pressaient dans les stations-service et plusieurs centres d'accueil d'urgence ont été ouverts.

Selon le NHC, la tempête pourrait passer entre la péninsule du Yucatan, au Mexique, et l'ouest de Cuba, avant de frapper le sud-est de la Louisiane avec la force d'un ouragan lundi soir.

Le département américain de la Sécurité intérieure a appelé les habitants du golfe du Mexique à se préparer au passage de Gustav qui pourrait toucher La Nouvelle-Orléans, presque trois ans jour pour jour après Katrina, qui avait quasiment détruit la ville et fait des milliers de victimes.

L'Etat se préparait au pire et le gouverneur, Bobby Jindal, a décrété l'état d'urgence et annoncé des plans d'évacuation des zones côtières. «Tant qu'il y aura un risque de tempête, je resterai en Louisiane», a-t-il déclaré, indiquant qu'il pourrait manquer la convention républicaine qui doit investir John McCain comme candidat à la présidentielle américaine la semaine prochaine.

«Quel que soit l'itinéraire prévu, il est important que les citoyens de la région côtière du golfe du Mexique écoutent ce que les autorités locales vont leur dire», a déclaré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, précisant qu'il était «trop tôt» pour dire si le président Bush pourrait renoncer à se rendre lundi à la convention républicaine comme prévu.

Le maire démocrate de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, devait quitter plus tôt que prévu la convention démocrate pour être présent dans sa ville au moment critique.

Dans le golfe du Mexique, la compagnie anglo-néerlandaise Shell devrait avoir évacué plus de 1 200 personnes d'ici à la fin de la semaine. Le français Total pourrait interrompre sa production à partir de samedi. Les pétrolières britannique BP et américaine ConocoPhillips ont aussi évacué du personnel jeudi.

Les cours du brut étaient repartis à la baisse jeudi, alors que l'Agence internationale à l'énergie semblait disposée à puiser dans les réserves stratégiques pour compenser les éventuelles pertes de production causées par Gustav.