L'ex-otage Franco-Colombienne Ingrid Betancourt qui a retrouvé jeudi matin avec émotion ses enfants à Bogota est repartie avec sa famille dans la soirée pour Paris, deux jours après sa libération par un comando de l'armée colombienne.

L'ex-otage qui arrivera à Paris vendredi après-midi sera accueillie par le président français Nicolas Sarkozy. Elle devrait rencontrer le pape Benoît XVI la semaine prochaine au Vatican.

À leur arrivée, ses enfants, Mélanie et Lorenzo, ont serré longtemps leur mère dans leurs bras, la couvrant de baisers. Ingrid Betancourt, qui était montée dans l'avion avec son mari Juan Carlos Lecompte, a lancé à la presse que les retrouvailles avaient été «une orgie de baisers».

Dans l'avion, quelques minutes avant l'atterrissage, Mélanie a laissé éclater son émotion et a fondu en larmes. Lorenzo a murmuré: «Cela fait six ans et demi que j'attends ce moment et je vais lui dire que je l'aime», a rapporté une journaliste de l'AFP, qui se trouvait à bord de l'Airbus de la République française venu de Paris.

«J'ai hâte d'être en France, j'ai hâte d'être chez moi», a confié peu après Mme Betancourt, libérée après plus de six ans de captivité aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

«Je voudrais embrasser le président (Jacques) Chirac et mon ami de toujours, (l'ancien Premier ministre) Dominique de Villepin, qui s'est battu pour les otages, pour nous tous», a-t-elle poursuivi. «Je veux embrasser le président (Nicolas) Sarkozy pour lui dire que je l'admire et que je lui dois le fait d'être là aujourd'hui», a-t-elle dit.

«C'est une histoire incroyable avec une fin heureuse», et «je veux venir en France pour remercier tous les Français et partager ce moment de bonheur avec eux (...) je suis dans un état second, merveilleux, c'est un miracle», a encore déclaré Mme Betancourt.

L'ex-otage est allée se recueillir jeudi à Bogota sur la tombe de son père Gabriel Betancourt, un ancien ministre de l'Education, mort le 23 mars 2002, un mois après l'enlèvement de sa fille.

Mme Betancourt a annoncé jeudi soir à l'AFP que le pape Benoit XVI la recevra la semaine prochaine au Vatican. «Je n'ai pas encore de date fixée mais le vatican a confirmé ma rencontre avec le Souverain pontife» a ajouté cette catholique convaincue.

L'ex-otage été libérée par l'armée colombienne avec 14 autres otages, trois Américains et onze militaires et policiers colombiens, lors d'une opération héliportée soigneusement planifiée.

Cette opération a été entièrement colombienne, a affirmé jeudi le ministre de la Défense Juan Manuel Santos, interrogé sur un rôle éventuel des Etats-Unis dans cette libération.

Mercredi soir, l'ex-otage, âgée de 46 ans, avait retrouvé sur l'aéroport de Bogota sa mère, Yolanda Pulecio, et son époux, Juan-Carlos Lecompte.

Souriante et vêtue d'un treillis militaire, ses longs cheveux noués sur la nuque, elle était descendue la première de l'avion qui l'avait amenée à Bogota, avant de se jeter dans les bras de ses proches.

Mme Betancourt a invité les présidents vénézuélien Hugo Chavez et équatorien Rafael Correa à renouer avec leur homologue colombien Alvaro Uribe.

De son côté, M. Chavez a affirmé avoir félicité par téléphone le président colombien pour la libération des otages, appelant une nouvelle fois les Farc à renoncer à la violence et à libérer leurs otages.

Ancienne sénatrice et candidate écologiste à l'élection présidentielle en Colombie, Ingrid Betancourt avait été enlevée par les Farc le 23 février 2002.

Le chef de la diplomatie française, M. Bernard Kouchner a assuré jeudi soir lors d'une conférence de presse que la France continuerait ses efforts en faveur des otages.