Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, en visite officielle à Bagdad, a promis jeudi à son homologue irakien Nouri al-Maliki que la Turquie allait davantage soutenir l'Irak dans ses efforts de stabilisation et de reconstruction.

«Nous devrions augmenter notre soutien à l'Irak en tant que pays voisin. Essayez de préserver votre unité et de reconstruire une nouvelle fois votre pays ensemble. Je vous assure que le gouvernement turc sera à vos côtés et vous soutiendra», a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien.

«Cette année est l'année de la reconstruction», a renchéri M. Maliki, assurant vouloir «augmenter la production de pétrole et aider les autres industries à développer le pays».

«Le futur de l'Irak est aussi le futur de notre région. Je crois que la démocratie aura bientôt raison des problèmes en Irak», a estimé le chef du gouvernement turc, ajoutant: «Inch'Allah, vous me trouverez toujours à vos côtés pour vous aider à surmonter les difficultés».

«Nous avons discuté de tous les sujets, y compris de Kirkouk», ville pour laquelle «nous voudrions arriver à un accord entre toutes les communautés» de cette province du nord-est de l'Irak, a encore dit M. Erdogan.

Les Kurdes irakiens demandent à pouvoir annexer cette province, dont la moitié des habitants sont kurdes, ce à quoi s'oppose Ankara qui craint de voir se renforcer le Kurdistan irakien.

Le problème est d'autant plus épineux que les deux voisins ont un contentieux sérieux avec les interventions militaires turques menées depuis décembre contre les bases, dans le nord de l'Irak, du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les États-Unis et l'Union européenne.

Ces opérations, notamment des bombardements aériens, avaient provoqué de vives réactions du gouvernement du Kurdistan irakien, ainsi que du président irakien Jalal Talabani, un Kurde.

Le gouvernement turc affirme que 2.000 rebelles kurdes du PKK sont cachés de l'autre côté de sa frontière avec l'Irak. Le PKK se bat depuis 1984 pour l'autonomie du sud-est de la Turquie. Le conflit a fait plus de 37.000 morts.

M. Erdogan achève sa visite par un dîner avec le président Talabani.

Accompagné de quatre ministres, dont ceux des Affaires étrangères Ali Babacan et de l'Energie Hilmi Güler, M. Erdogan doit également rencontrer le président du parlement irakien, et les vice-présidents irakiens sunnite Tarek al-Hachémi et chiite Adel Abdel Mehdi, selon l'agence turque Anatolie.

L'Irak mène une offensive diplomatique pour renforcer sa position régionale et normaliser ses relations avec ses voisins, alors que la situation du point de vue de la sécurité s'est améliorée depuis plusieurs mois.

Plusieurs pays, la Jordanie, les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn, ont ainsi nommé récemment des ambassadeurs en Irak.

Washington a également fait pression sur ses alliés arabes pour qu'ils normalisent leurs relations avec l'Irak afin de contrer l'influence de l'Iran, accusé d'ingérence chez son voisin irakien.

Sur le plan économique, «il y a un large éventail d'accords qui vont être discutés et signés dans les domaines du commerce, du tourisme et des échanges de technologie», avait indiqué à l'AFP un conseiller du premier ministre irakien.

Aucune indication sur l'éventuelle signature de contrats n'a été donnée lors de la conférence de presse.

La Turquie est déjà un des partenaires commerciaux les plus actifs de l'Irak, lui fournissant notamment des biens de consommation.