(Kyiv) Des frappes russes ont fait au moins trois morts et 12 blessés dans l’est de l’Ukraine, a annoncé dimanche un responsable local, tandis qu’une femme a été tuée dans un bombardement ukrainien sur un village russe près de la frontière.

« Pendant la nuit, les Russes ont attaqué Dobropillia [ville à environ 45 km du front, NDLR] avec des [drones] Shahed ; dans la matinée, les secouristes ont retrouvé les corps de deux personnes sous les décombres d’une maison », a indiqué le responsable ukrainien de la région de Donetsk, Vadym Filachkine.

Selon cette source, l’armée russe a aussi bombardé à l’artillerie dans la matinée la localité de Tchassiv Iar, située près du front dans la région de Donetsk, tuant un homme de 66 ans.

Trois missiles S-300 russes ont aussi frappé la ville de Myrnograd, toujours dans la région de Donetsk, faisant 12 blessés selon un bilan actualisé, dont un adolescent, a affirmé Vadym Filachkine.

Neuf immeubles d’habitation ont été endommagés lors de cette frappe, a-t-il précisé.

L’armée de l’air ukrainienne a par ailleurs affirmé dimanche qu’elle avait abattu 35 drones Shahed de fabrication iranienne, sur un total de 39 lancés par la Russie dans la nuit au-dessus de 10 régions du centre et du sud de l’Ukraine.

En Russie, une femme a été tuée dimanche dans un bombardement ukrainien visant un village russe situé à 10 kilomètres de la frontière, a indiqué un responsable local.

« Aujourd’hui, le village de Koulbaki a été bombardé depuis l’Ukraine », a indiqué le gouverneur de la région de Koursk, Roman Starovoït. « Un incendie s’est déclaré dans un immeuble d’habitation. Une femme a été tuée et son mari gravement brûlé ».  

Trois drones abattus en Russie

L’armée russe a affirmé avoir abattu dimanche après-midi trois drones ukrainiens dans le nord-ouest de la Russie, à plusieurs centaines de kilomètres de l’Ukraine, dont un près de la grande ville de Saint-Pétersbourg.

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir détruit vers 18 h (11 h heure de l’Est) un drone au-dessus de la région de Leningrad, où se trouve Saint-Pétersbourg, à plus de 800 kilomètres de l’Ukraine.

Le gouverneur régional, Alexandre Drozdenko, a précisé sur Telegram que le drone avait été détruit près du village de Fornossovo, au sud de l’ex-capitale impériale, sans faire de dégâts ni de victimes.

Sur Telegram, un porte-parole de l’agence russe de l’aviation civile a indiqué que des restrictions à la circulation aérienne avaient été instaurées pendant environ 1 h 30 à l’aéroport Poulkovo de Saint-Pétersbourg, par mesure de sécurité.

Parallèlement, le ministère russe des Situations d’urgence a indiqué que 75 pompiers luttaient dans l’après-midi contre l’incendie d’un hangar près de Saint-Pétersbourg, un sinistre qui a fait deux blessés d’après cette source.

Selon les médias russes, l’incendie a lieu tout près de l’aéroport Poulkovo. Les autorités n’ont pour l’instant pas fait de lien entre le drone abattu et cet incident.

Par ailleurs, l’armée russe a affirmé avoir abattu deux autres drones ukrainiens, dimanche après-midi, dans la région de Novogorod, située au sud de celle de Leningrad et se trouvant également à plusieurs centaines de kilomètres de l’Ukraine.

Selon le gouverneur local, Andreï Nikitine, ces deux drones n’ont pas fait de dégâts ni de blessés.

Depuis le début de l’offensive russe contre Kyiv, fin février 2022, l’armée ukrainienne a réussi à mener des attaques de drones de plus en plus loin dans le territoire russe.

Samedi, la Russie avait affirmé avoir détruit 47 drones ukrainiens dans la nuit, principalement dans la région de Rostov-sur-le-Don, frontalière de l’Ukraine, attaque qui pourrait avoir visé entre autres une usine d’aviation.

« Jamais » de drapeau blanc

L’Ukraine a répondu vertement dimanche au pape François, jurant de ne « jamais » se rendre face à la Russie, en réaction à une interview du souverain pontife dans laquelle il lui demandait d’avoir « le courage de hisser le drapeau blanc et de négocier ».

« Notre drapeau est jaune et bleu. C’est le drapeau pour lequel nous vivons, nous mourrons et triomphons. Nous ne hisserons jamais d’autres drapeaux », a répondu le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, dans un message sur X.

« Quand il s’agit de drapeau blanc, nous connaissons la stratégie du Vatican lors de la première partie du XXe siècle. J’appelle à éviter de répéter les erreurs du passé et à soutenir l’Ukraine et son peuple dans son combat pour la vie », a-t-il ajouté, visiblement en référence à la période de la Deuxième Guerre mondiale.

PHOTO ALBERTO PIZZOLI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un drapeau ukrainien sur la place Saint-Pierre alors que le pape François s’adresse à la foule

Il a néanmoins dit espérer que le souverain pontife « trouvera l’occasion d’effectuer une visite canonique en Ukraine ».

Dans une interview à la télévision publique RTS diffusée samedi, le pape François, interrogé sur la situation de l’Ukraine, a appelé à ne pas avoir « honte de négocier avant que les choses n’empirent ».

« Je crois que les plus forts sont ceux qui voient la situation, pensent aux gens et ont le courage de hisser le drapeau blanc et de négocier », a-t-il estimé.

Le primat de l’Église grecque-catholique ukrainienne, qui compte officiellement plus de 5 millions de membres en Ukraine, a lui aussi réagi, sans toutefois mentionner clairement le pape.

« L’Ukraine est blessée, mais insoumise ! […] Croyez-moi, personne n’a dans la tête l’idée de se rendre, même là où les combats se déroulent aujourd’hui – écoutez nos gens dans les régions de Kherson, Zaporijjia, Odessa, Kharkov, Soumy ! », a déclaré Sviatoslav Chevtchouk, samedi, lors d’une messe dans une église de New York où il se trouvait en déplacement.