Le nom de l’opposant Alexeï Navalny, dont la mort a été annoncée vendredi, s’ajoute à une liste déjà longue d’agents doubles, de généraux, d’hommes d’affaires ou de politiciens ayant tous en commun de s’être opposés aux politiques de Vladimir Poutine.

Evgueni Prigojine

PHOTO ALEXANDER ZEMLIANICHENKO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’ancien oligarque russe Evgueni Prigojine, chef du groupe paramilitaire Wagner, en 2016

L’un des cas les plus récents est celui du feu chef du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine, dont la tentative avortée de rébellion contre Moscou avait fait retenir son souffle au monde entier l’été dernier. Deux mois plus tard, le nom de cet ancien allié de Vladimir Poutine et celui de plusieurs de ses lieutenants apparaissaient sur la liste de passagers tués lors de l’écrasement d’un avion privé en Russie. Quelques jours plus tard, le président russe avait déclaré qu’Evgueni Prigojine avait « commis de sérieuses erreurs durant sa vie », sans donner plus de détails.

Ravil Maganov

PHOTO MIKHAIL KLIMENTYEV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président russe Vladimir Poutine en compagnie de Ravil Maganov (à droite), en novembre 2019

S’il est officiellement mort au terme d’« une grave maladie », la véritable cause du décès de cet ancien président du conseil d’administration du groupe pétrolier privé russe Loukoïl, en septembre 2022, reste floue, des sources de l’agence de presse Interfax affirmant qu’il serait plutôt tombé d’une fenêtre alors qu’il était hospitalisé. Il avait été un des rares grands patrons à appeler publiquement à un « arrêt rapide du conflit » en Ukraine. Son nom s’ajoute à une longue liste d’oligarques russes morts subitement depuis le début du conflit, le Sydney Morning Herald en ayant répertorié pas moins de 23 jusqu’au début de l’an dernier.

Boris Nemtsov

PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Boris Nemtsov, en 2012

Acteur important de l’opposition à Vladimir Poutine et ancien vice-premier ministre à l’époque du président Boris Eltsine, Boris Nemtsov a été abattu de quatre balles tirées à bout portant sur un pont à deux pas du Kremlin, le 27 février 2015. Deux ans plus tard, cinq hommes originaires des républiques de Tchétchénie et d’Ingouchie ont été condamnés pour ce meurtre à des peines de 11 à 20 ans de prison, mais la famille du défunt avait dénoncé un « fiasco total » de la justice russe qui n’avait pas identifié le véritable commanditaire.

Alexandre Litvinenko

PHOTO ALISTAIR FULLER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Alexandre Litvinenko, photographié dans son domicile de Londres, en 2002

Ancien agent du KGB, il avait été renvoyé des services de sécurité russes après avoir notamment rendu public l’ordre de sa direction d’assassiner l’homme d’affaires controversé Boris Berezovski. Réfugié au Royaume-Uni, il avait continué d’y dénoncer la corruption et les liens présumés des services de renseignement russes avec le crime organisé. Jusqu’à ce qu’il meure, le 23 novembre 2006, après avoir pris le thé avec deux hommes plus tard pointés par la Cour européenne des droits de l’homme comme ayant agi « en qualité d’agents de l’État russe ». D’importantes traces de polonium 210, une substance radioactive extrêmement toxique, avaient été retrouvées sur les lieux du drame.

Sergueï Skripal

PHOTO ARCHIVES KOMMERSANT, FOURNIE PAR REUTERS

L’ex-espion Sergueï Skripal dans la cage des accusés avant une audience à Moscou, en 2006

Le cas de Litvinenko n’est pas sans rappeler celui de l’ex-espion russe Sergueï Skripal, hospitalisé après avoir été retrouvé inconscient avec sa fille, le 4 mars 2018, sur un banc à Salisbury, au Royaume-Uni. S’ils n’en sont pas morts et vivent dorénavant cachés sous protection, la tentative d’empoisonnement à l’agent neurotoxique Novitchok, attribué à Moscou par Londres, a fait une victime collatérale. Depuis, trois agents des services de renseignement russes ont été inculpés pour ce qui est considéré comme une tentative de meurtre à l’endroit de cet ancien espion russe ayant travaillé pour le compte des Britanniques.

Anna Politkovskaïa

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Anna Politkovskaïa, en 2005

Cette journaliste d’investigation mondialement reconnue et spécialiste des crimes commis par les autorités en Tchétchénie a été tuée par balle à Moscou le 7 octobre 2006, dans ce qui est toujours considéré comme un des meurtres les plus retentissants de l’ère Poutine. Sergueï Khadjikourbanov, un ex-policier russe condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, a été gracié en novembre dernier par Vladimir Poutine pour s’être enrôlé dans les forces russes en Ukraine, a alors déclaré son avocat.