(Moscou) Confortée par l’échec de la contre-offensive ukrainienne, la Russie juge plus que jamais que la paix passe par une Ukraine amputée de ses régions méridionales et orientales, a affirmé la porte-parole de la diplomatie russe à l’AFP.

Maria Zakharova a assuré, dans une interview écrite, que Moscou comptait aussi sur un « statut neutre » de l’Ukraine, manière de la défaire de ses alliés de l’OTAN et que le Kremlin considère comme une menace existentielle.

En outre, elle a réaffirmé la ligne officielle selon laquelle l’armée russe a attaqué sa voisine le 24 février 2022 pour protéger des Occidentaux la Russie et les russophones d’Ukraine.

« Nous ne permettrons pas l’existence près de nos frontières d’un État nazi agressif dont le territoire constituera une source de danger pour la Russie et les pays voisins », a asséné la porte-parole.

Pour la diplomate, figure publique très en vue en Russie, même si la Russie est un belligérant, elle ne saurait être responsable de l’absence d’un processus de paix.

Selon elle, il n’existe « aucune volonté politique en faveur de la paix, que ce soit à Kyiv ou en Occident ».  

Elle a rejeté catégoriquement le plan de paix avancé l’an dernier par le dirigeant ukrainien, qui prévoit que les troupes russes quittent son pays, dont près de 18 % du territoire est occupé par les forces de Moscou.

Pour la porte-parole de la diplomatie russe, la revendication principale de l’Ukraine, à savoir le respect de son intégrité territoriale et sa souveraineté « n’a en réalité aucun rapport avec la paix ».  

« Il s’agit en fait une série d’ultimatums adressés à la Russie pour justifier la continuation des hostilités », accuse-t-elle.

« Kyiv ne veut pas prendre en compte les réalités actuelles et poursuit l’objectif de faire capituler notre pays avec l’aide de l’Occident », a repris la responsable russe.

M. Zakharova a aussi pointé « l’échec » de la politique des sanctions contre la Russie, assurant que les Occidentaux ont échoué à isoler le pays.

Pour elle, ces mesures se sont même « retournées » contre l’Occident et « l’autorité internationale de l’État russe » se trouvait renforcé.

Occidentaux « désespérés »

Les sanctions de l’Occident « n’ont pas réduit l’influence géopolitique de la Russie », a assuré Maria Zakharova, assurant que 80 % de la population mondiale vit dans des pays qui n’ont adopté aucune sanction contre la Russie.

Moscou, privé de clients occidentaux, a en effet redirigé une grande partie de ses exportations de pétrole et de gaz vers les géants que sont la Chine et l’Inde.

Pour la diplomatie russe, ces réalités comptent plus que le vote de l’Assemblée générale de l’ONU qui avait appelé, un an après le début de l’offensive, au retrait complet des troupes russes.

Ce texte non contraignant avait reçu le soutien de 141 États membres. L’Inde et la Chine étaient parmi les 32 abstentionnistes, tandis que seuls sept États, dont la Corée du Nord, s’y sont opposés.

Mme Zakharova s’est félicitée dans cet entretien que la Russie développe une « coopération croissante » avec de nombreuses nations en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Amérique latine, malgré les efforts « désespérés » de l’Occident de retourner ces pays contre la Russie.

En Asie, Moscou voit en Pékin un partenaire « qui a les mêmes idées » et avec lequel on peut construire un « partenariat global et une interaction stratégique », a-t-elle ajouté.

Elle a également revendiqué le fait que la Russie développe ses relations avec la Corée du Nord, accusant les États-Unis de « suivre la voie de l’escalade sur la péninsule coréenne en augmentant leur activité militaire dans la sous-région ».

« Une telle politique de la part des États-Unis est dangereuse et lourde de conséquences graves », a-t-elle jugé.

En novembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait averti que les liens militaires entre la Corée du Nord et la Russie étaient « de plus en plus nombreux et dangereux ».