(Port-au-Prince) La capitale haïtienne Port-au-Prince est la proie samedi d’intenses échanges de coups de feu alors que la situation humanitaire empire et que la transition politique se fait attendre.

D’après des habitants joints par l’AFP, il y a depuis l’aube des tirs nourris dans la ville.

Des attaques de « bandits armés » ont été signalées contre la base de la brigade d’opération et d’intervention départementale (BOID) à Fort National et contre la brigade d’intervention motorisée (BIM) à Clercine, dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 33 000 personnes ont fui la ville et ses banlieues depuis deux semaines pour se mettre à l’abri des violences des gangs.

Port-au-Prince s’était réveillée vendredi avec des cadavres calcinés dans ses rues, après des attaques d’hommes armés et une opération policière qui a conduit à la mort d’un chef de gang, Ernst Julmé alias « Ti Grèg ».

L’ONU est très inquiète de la crise humanitaire qui frappe le pays le plus pauvre des Caraïbes : environ cinq millions de personnes, soit près de la moitié de la population, font face à des niveaux élevés « d’insécurité alimentaire aiguë ».

« Une personne sur deux a désormais faim. La montée de la faim alimente la crise sécuritaire qui ravage le pays. Nous avons besoin de mesures urgentes maintenant », avait alerté vendredi Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti.

Haïti, déjà victime d’une très grave crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis début mars, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince, disant vouloir renverser le premier ministre Ariel Henry.

Très contesté, ce dernier n’a pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya. Selon des sources concordantes, il se trouve désormais en Californie, après avoir quitté Porto Rico, territoire américain.

M. Henry a accepté de démissionner le 11 mars et depuis des négociations sont en cours en vue de former des autorités de transition.

Mais en attendant, les gangs armés intensifient leurs attaques dans la capitale, dont ils contrôlent déjà quelque 80 %.

Le grand voisin américain a évacué 230 de ses ressortissants depuis une semaine et le département d’État a lancé un avertissement dans la nuit de vendredi à samedi : « Ne vous rendez pas en Haïti ».