(Genève) Le bilan de l’épidémie de choléra qui sévit en Haïti sera vraisemblablement « plus élevé » que les chiffres annoncés et le nombre de cas devrait augmenter, a averti mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les multiples crises auxquelles le pays est en proie vont compliquer la réponse, ajoute l’OMS.

Dimanche, les autorités d’Haïti ont annoncé le décès d’au moins sept personnes du choléra dans le pays, les premiers morts de cette maladie en trois ans.

Cette annonce a ravivé les craintes d’une résurgence dans ce pays pauvre des Caraïbes où une épidémie de choléra a causé la mort de plus de 10 000 personnes entre 2010 et 2019. Le virus avait été introduit par des Casques bleus de l’ONU.

De nombreux cas suspects ont été signalés à Carrefour-Feuilles en banlieue de la capitale Port-au-Prince ainsi que dans la commune de Cité Soleil.

Ces zones contrôlées par des gangs sont d’un accès très difficile depuis la fin juillet. Les conditions de vie se sont détériorées en Haïti ces dernières semaines avec des blocages, des pénuries de carburant, des manifestations, des pillages et des grèves.

« Cette situation complique grandement la réponse humanitaire », a déclaré aux journalistes à Genève le porte-parole de l’OMS Christian Lindmeier.

« La situation évolue rapidement et il est possible que des cas antérieurs n’aient pas été détectés », a-t-il ajouté, estimant que le nombre de décès pourrait être « bien supérieur » et « augmenter ».

M. Lindmeier a précisé qu’une demande était en cours auprès du groupe international de coordination pour la fourniture de vaccins contre le choléra administrés par voie orale. La disponibilité de ces vaccins reste néanmoins limitée, avec une demande supérieure à l’offre.

Haïti avait célébré en février dernier l’élimination officielle du choléra, le dernier cas – avant ceux annoncés dimanche – ayant été recensé en 2019.  

En 2010, l’épidémie avait commencé lorsque des Casques bleus avaient déversé des matières fécales dans le fleuve de l’Artibonite, et les premiers cas étaient apparus dans cette région, avant de gagner tout le pays. L’ONU a reconnu avoir joué un rôle dans l’introduction du virus seulement en août 2016.

Selon M. Lindmeier, aucune information n’est encore disponible pour savoir où a débuté l’épidémie actuelle. L’ONU s’est dite prête à déployer des équipes en urgence dès la garantie d’un accès sûr et le déblocage de la fourniture de carburant.

Le monde fait face à une « recrudescence inquiétante » du choléra, après des années de déclin, une maladie favorisée par les effets du changement climatique, a averti vendredi l’OMS.

Durant les neuf premiers mois de l’année, 26 pays ont fait état d’épidémies, contre moins de 20 par an entre 2017 et 2021, selon l’OMS.