(Port-au-Prince) L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé lundi dans un communiqué s’être définitivement retirée d’un quartier populaire de Port-au-Prince en Haïti, en raison des conflits entre gangs qui ravagent la zone.

Si le quartier de Martissant est sous la coupe des gangs depuis plusieurs années, la violence s’y est intensifiée depuis deux mois avec la multiplication des affrontements entre groupes armés pour le contrôle de cette zone de Port-au-Prince, capitale du pays le plus pauvre des Amériques.

PHOTO RAYNALD K. PETIT FRERE, VIA REUTERS

Des membres d'un gang criminel fendent l'air avec leurs machettes dans une démonstration de force dans un quartier de Port-au-Prince, en Haïti le 23 juin 2021.

Le retrait de MSF succède à celui des policiers qui avaient déjà abandonné le commissariat du quartier face à la violence des gangs, tandis que plusieurs milliers d’habitants ont dû fuir leurs habitations et que banques et entreprises ont été pillées par les groupes armés.  

Médecins sans frontières avait dans un premier temps suspendu ses activités à Martissant il y a un mois, après avoir été la cible d’une attaque des gangs.

« Incapable d’avoir une garantie de sécurité pour son “staff” et ses patients, et voulant attirer l’attention sur la situation insoutenable à Martissant, MSF se voit donc obligée de mettre les clés sous la porte après 15 ans de présence dans la zone », affirme l’ONG dans un communiqué.

MSF précise ne pas avoir eu le temps d’enlever ses logos du bâtiment, et décline ainsi « toute responsabilité de ce qui pourrait se passer dans les anciens bâtiments du Centre d’urgence ».

« Toujours déterminée à continuer d’accompagner la population haïtienne en général et les plus démunis en particulier, MSF poursuit les discussions afin de pouvoir relocaliser son centre d’urgence dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince », poursuit l’organisation qui compte 30 ans de présence continue en Haïti.

« Les activités de MSF à Martissant ciblaient, rien que dans la proximité immédiate du centre, une population d’environ 300 000 personnes. Les soins dispensés concernaient la prise en charge des traumas, des urgences médicales, gynéco-obstétricales », souligne le communiqué.

« MSF continue de demander aux acteurs armés en Haïti de respecter la sécurité du personnel de santé, des patients, du matériel et des structures médicales ; les véhicules et ambulances doivent aussi pouvoir circuler en toute sécurité », conclut l’ONG.

Le nouveau premier ministre Ariel Henry qui a pris le pouvoir après l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet a promis de ramener la paix et la sécurité.

Environ deux semaines après son entrée en fonction, la situation sécuritaire demeure précaire dans le pays, gangréné par la violence depuis plusieurs années.