Le président d'Haïti Jovenel Moïse a tenu mercredi soir à réaffirmer sa légitimité dans une allocution télévisée diffusée en différé, sa première prise de parole depuis la manifestation de dimanche réclamant sa démission, suivie par trois jours de grève générale.

Entouré de son premier ministre, Jean-Henry Céant, des ministres de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que du haut commandement de la police nationale d'Haïti, M. Moïse a appelé au dialogue et au calme.  

«Je demande au premier ministre de rencontrer tout le monde, de toutes tendances, comme je l'ai toujours fait. Le dialogue doit ramasser toutes les couches de la société, dans le respect de la Constitution», a déclaré le président haïtien dans son discours en créole d'une durée de 6 minutes.  

«Pendant les cinq ans de ma présidence, personne, je dis bien personne, quel que soit le prétexte, ne peut menacer les intérêts du pays, ni mettre la nation en danger», a ajouté le chef de l'État, arrivé au pouvoir le 7 février 2017.  

Son allocution avait été préalablement annoncée pour mardi soir, mais seul un message d'excuse avait alors défilé sur les écrans de télévision pour annoncer son report.  

Dimanche, plusieurs milliers de personnes, dont une majorité de jeunes, ont manifesté à travers le pays pour dénoncer la corruption et surtout réclamer la démission immédiate de M. Moïse.  

Selon la police nationale, trois personnes ont été tuées par balle au cours de ces mobilisations, l'opposition évoquant de son côté un bilan de 11 morts à travers le pays.

Une tension inhabituelle règne depuis en Haïti, notamment dans la capitale, Port-au-Prince. Un appel à la grève générale a été lancé par l'opposition et les rues ont été désertées des habitants, qui, par peur d'être victimes de violences, restent confinés à domicile.