Je pars à White Lips sans trop comprendre la valeur ajoutée de la non-mixité que l’événement propose. Oui, rassembler plus de 150 femmes à Murdochville dans une formule tout inclus afin de les initier au ski hors-piste dans les Chic-Chocs m’apparaît comme une idée attrayante. Mais quand même, pourquoi en écarter les hommes ? Leur présence nuit-elle autant à l’épanouissement féminin en plein air ? Témoignage sur l’importance de se créer des espaces où exister ensemble, au féminin.

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Les paupières lourdes d’un réveil prématuré, je monte dans l’autobus à Longueuil. Il est 6 h et je suis fébrile ; je ne connais pas plus les gens avec qui j’embarque que ce que me réservent les jours à venir. Je devine aux regards de celles qui m’entourent que mon état est à propos. J’empile mes skis et mes sacs sur ceux des autres avec qui je partage déjà la passion de l’adrénaline en montagne.

Une fois montée à bord, je suis accueillie par un sourire franc qui m’invite à m’asseoir sur le siège vide à ses côtés. C’est celui de Jessica, qui a 37 ans et a commencé à faire du snowboard l’année de ma naissance. Elle s’est inscrite pour s’offrir du temps ; ne skie pas qui veut quand vie rime avec famille.




Je n’arrêterai pas d’avoir des passions et de vivre des sensations fortes parce que j’ai un enfant ! J’ai besoin de bouger si je veux être une bonne mère », me dit-elle quelque part entre Montréal et Rimouski. La route passe plus vite lorsqu’elle est bercée par ses récits d’expérience.

C’est le point de départ d’une série de rencontres facilitées par la similitude de caractères de femmes unies par une même passion.

Pause dîner. L’atmosphère autour de la table du St-Hubert avec ces femmes plus proches de l’âge de ma mère que du mien est indescriptible. Autour de nos salades de chou et de nos soupes poulet et nouilles, on échange sur notre vécu dans le sport.




Le silence ne s’invite pas à table durant l’heure que nous y passons. Les rires ponctuent les discussions sur le vélo, le parachute, le kite-surf et le skateboard. On dit aimer être entre femmes, on dit se comprendre. La frontière de l’âge disparaît sous l’amabilité des caractères explosifs qui siègent dans le restaurant.

De ces premières rencontres à celles qui viendront lors des journées de ski, des après-snow, des autres voyages en autobus pour se rendre aux montagnes, autour de cafés à l’aube ou sous le ciel rosé de la tombée du jour derrière les éoliennes décorant les monts avoisinant Murdochville, il émanera toujours une chaleur et une confiance particulières. «Mon chum était jaloux, il aurait aimé pouvoir venir aussi !», se taille une place sur le podium des phrases les plus entendues au premier souper, tout juste derrière :

Ça fait tellement du bien de se retrouver entre femmes !



Alors qu’on nous sépare en groupes pour la fin de semaine, jumelées selon notre niveau en ski, les mères du mien se rassurent. Elles s’entendent pour dire que c’est correct de laisser les enfants pour une fin de semaine, qu’il faut qu’ils et elles aient un modèle de mère active, indépendante et inspirante sur lequel se baser. Andréanne, plus jeune, me raconte :

C’est mon ex qui m’a initiée au plein air. Quand on s’est laissés, j’ai transformé ma voiture pour pouvoir y dormir et je suis partie une semaine en camping seule. Je ne voulais pas que cette passion n’appartienne qu’à lui.


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White Lips, c’est plus que du ski. C’est l’occasion de se prouver qu’à nous toutes, on incarne une force indescriptible. C’est l’occasion d’oser, de se sentir soutenues, loin des jugements, de la pression et du manque de confiance qui peuvent accompagner les sorties en plein air. C’est se donner un espace qui nous appartient, qui nous revient, à nous, les femmes. C’est arriver avec une gang de plus de 150 amies pour arpenter certains des territoires les plus grandioses de la province. C’est s’inspirer les unes les autres – les unes des autres –, rencontrer des modèles et se comprendre en un instant, parce qu’on est toutes venues chercher la même chose.




Sur le chemin du retour, la rumeur des conversations entre les filles, gage des nouvelles amitiés fondées durant la fin de semaine, me berce alors que je glisse dans un sommeil bien mérité. C’est le cœur gros que mes paupières se ferment en regardant pour la dernière fois les Chic-Chocs défiler à travers la fenêtre.


Texte de Sara Buzzell