Le gouvernement cubain a fait part de sa «profonde préoccupation face aux conséquences négatives» du durcissement de la politique migratoire des États-Unis vis-à-vis de l'île, à l'occasion de la réunion d'une commission bilatérale tenue à Washington lundi.

Au cours de cette session consacrée aux affaires migratoires, La Havane a regretté les récentes «décisions unilatérales, infondées et politiquement motivées» de l'administration américaine en la matière, selon un communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères.

Déjà entamées depuis l'arrivée au pouvoir du républicain Donald Trump à Washington, les relations entre les deux pays se sont tendues ces derniers mois après la révélation en août dernier de la mystérieuse affaire des «attaques acoustiques» qui auraient affecté la santé de 24 diplomates américains à La Havane.

Washington, qui blâme Cuba pour ne pas avoir su assurer leur sécurité, a drastiquement réduit son personnel sur l'île, expulsé une partie du personnel diplomatique cubain aux États-Unis et suspendu la délivrance de visas américains sur le territoire cubain.

Lors de la réunion de lundi, les délégués cubains ont protesté contre le gel des activités consulaires américaines à Cuba, affirmant que cela «pénalisait gravement les relations familiales et tous les échanges entre les deux peuples», alors que plus de deux millions d'exilés cubains ou de personnes d'origine cubaine résident en Floride.

La délégation cubaine a également jugé «contre-productive» la décision américaine d'annuler tous les voyages de délégations officielles à Cuba et demandé à Washington de remplir ses obligations liées à l'accord migratoire de 1994, qui prévoit la délivrance par les États-Unis de 20 000 visas par an aux Cubains.

Lors de la même réunion, les deux délégations se sont toutefois félicitées de la «répercussion positive» de la levée par les États-Unis, en janvier dernier, des avantages exceptionnels qui étaient auparavant réservés aux immigrants illégaux cubains à leur arrivée sur le territoire américain.

Répondant à une vieille demande de La Havane, l'ex-président américain Barack Obama avait levé ces privilèges dans la foulée du spectaculaire rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 2015, après 50 ans de rupture.

Selon le gouvernement américain, «les interpellations de migrants cubains aux frontières ont diminué de 64 % sur l'année fiscale 2016-2017, et les interceptions maritimes (...) de 71 %».

Selon l'institut Pew Research Center, qui cite des données officielles américaines, le nombre de migrants cubains ayant rejoint légalement ou illégalement les États-Unis était passé de 24 278 en 2014 (année fiscale) à 56 406 en 2016.