Rues inondées, voitures à la dérive, toitures arrachées: l'ouragan Maria, qui menace désormais la République dominicaine, a dévasté Porto Rico mercredi après avoir ravagé la veille la Guadeloupe et la Dominique y faisant neuf morts.

Selon le Centre américain des ouragans (NHC), Maria a perdu en intensité redevenant dans l'après-midi un ouragan de catégorie deux sur une échelle de cinq.

Mais la République dominicaine se préparait tout de même à l'arrivée jeudi du phénomène météorologique, ce dernier devant regagner en intensité à l'approche de l'île, selon le NHC. «Le gouvernement s'est préparé au pire et les gens devraient en faire de même», a affirmé mercredi le ministre administratif du gouvernement José Ramón Peralta.

En Guadeloupe, au moins deux personnes sont mortes et deux autres sont portées disparues en mer après le passage de Maria mardi. L'état de «catastrophe naturelle» sera «signé samedi», a annoncé le premier ministre français Édouard Philippe.

À quelques dizaines de kilomètres au sud, sept personnes ont perdu la vie sur l'île de la Dominique, elle aussi totalement ravagée mardi par Maria.

«Il est difficile de déterminer le nombre de décès, mais pour l'instant sept morts, causées directement par l'ouragan, sont confirmées», a annoncé Hartley Henry, conseiller principal du premier ministre Roosevelt Skerrit.

«Le premier ministre craint que ce bilan s'alourdisse», a-t-il ajouté, alors que les communications restent très difficiles avec l'île, où au moins deux missions de secours ont dû être avortées en raison des vents violents.

Des images aériennes de l'AFP montrent une partie de la Dominique jonchée de débris, notamment de toitures arrachées. Un vol de reconnaissance a permis au Centre des situations d'urgence des Caraïbes (CDEMA) d'estimer les dommages à «70-80% des constructions» selon son directeur, Ronald Jackson.

«Toit en carton ?»

L'ouragan, qui oscillait entre les catégorie 4 et 5 (le maximum), a ensuite continué sa route dévastatrice vers le Nord-Ouest, et frappé de plein fouet Porto Rico mercredi matin, privant totalement l'île d'électricité.

«L'île est sans courant et les communications sont réduites», a assuré à l'AFP Ricardo Castrodad, un porte-parole des garde-côtes de Porto Rico.

La dévastation est «pratiquement absolue» a témoigné en pleurs la maire de la capitale, Carmen Yulin Cruz, dans un refuge, ajoutant que «de nombreuses parties de San Juan sont complètement inondées».

«Notre vie telle que nous l'avons connue a changé», a-t-elle assuré.

«Quand les vents ont commencé à souffler fort (...) nous avons dû monter aux deuxième et troisième étages avec toutes nos affaires et les chiots», a raconté par téléphone à l'AFP, Suzette Vega, une habitante de 49 ans qui a trouvé refuge avec 1200 personnes dans une salle de concert de San Juan.

«Quand j'ai levé les yeux, j'ai vu le toit trembler comme une feuille. J'ai demandé "Mais il est en carton?". On m'a répondu «Non, c'est du ciment»», a-t-elle ajouté.

Dans le centre de la capitale, Imy Rigau était prise au piège de l'eau dans son appartement, le plafond de celui du dessus s'étant envolé. «L'eau est descendue par les escaliers comme dans une cascade et toute cette eau est entrée chez moi», a raconté en pleurs cette femme de 53 ans. «Nous sommes bloqués», s'est-elle lamentée dans une conversation téléphonique avec l'AFP.

Les résidents de San Juan se sont abrités dans les cages d'escalier, derrière des murs épais, tandis que des trombes d'eau et des vents déchaînés déferlaient à l'extérieur, arrachant et emportant des arbres qui tombaient sur des véhicules.

Photo Carlos Garcia Rawlins, archives REUTERS

À Porto Rico, la dévastation est «pratiquement absolue».

«Conséquence du réchauffement climatique»

«C'est la tempête la plus dévastatrice du siècle ou de l'histoire moderne (...). Qui sait ce que seront les dégâts», a déclaré mercredi matin sur la chaîne CNN le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, disant craindre des dommages bien plus importants que ceux causés par l'ouragan Irma, il y a à peine dix jours.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi que l'économie des États-Unis allait continuer à croître à un rythme «modéré» malgré les ouragans Harvey, Irma et Maria, ajoutant cependant qu'ils allaient affecter «l'activité économique à court terme».

Les Caraïbes déjà mises à mal par Irma, doivent de nouveau faire face à leur lot d'inondations, de toits et d'arbres arrachés. Les Îles Vierges américaines ont elles aussi pâti du passage de l'ouragan, mais sans qu'aucune victime soit recensée à ce stade.

Un couvre-feu a été instauré dans les Îles Vierges britanniques, «extrêmement vulnérables», selon le premier ministre Orlando Smith, après le passage d'Irma qui y a fait 9 morts. Maria semble aussi avoir épargné l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin, où Irma avait fait 15 morts.

Le président français Emmanuel Macron avait affirmé mardi que «ces ouragans sont une des conséquences directes du réchauffement climatique», déplorant la décision américaine de sortir de l'accord de Paris sur le climat.

AFP

Plus de 1300 militaires britanniques ont depuis été déployés dans les Caraïbes.